LE 11 MM GRAS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Historique : Cartouche militaire française adoptée en 1874 pour le fusil Gras à un coup, une conversion à chargement par la culasse du fusil Chassepot et tirant une cartouche métallique. Ce fut la première cartouche militaire française moderne. Elle fut remplacée en 1886 par la 8 MM Lebel, alors révolutionnaire. Beaucoup de fusils Remington Rolling-Block furent chambrés en 11 MM Gras et, en même temps que les fusils Gras, furent utilisés dans les Balkans ou les zones coloniales françaises. Les Japonais achetèrent, et utilisèrent, beaucoup de fusils modifiés selon le brevet Gras, et de ses cartouches en 11 MM.

La 11 MM Vickers a été utilisée à la fois par les Anglais et par les Français pendant la 1e. Guerre Mondiale, dans la mitrailleuse Vickers installée sur les avions, pour abattre les ballons d’observation d’artillerie Allemands ( j’aime pas les ballons ). La cartouche est également appelée 11 MM Vickers Balloon Gun. Elle prend la même douille que celle de la 1874 Gras française et, en fait, c’est par les Français qu’elle fut développée, pour leur arme Hotchkiss anti-ballons. La mitrailleuse Vickers, plus fiable, fut modifiée après cela pour tirer la même cartouche. En 1917, on découvrit que la cartouche standard pour fusil ne donnait pas satisfaction pour abattre les ballons d’observation, puisqu’on avait besoin d’un projectile de plus gros calibre, à pointe traçante/incendiaire. D’où la raison du développement d’une cartouche spécifique. Plutôt que de perdre du temps, les français se servirent de ce qui était disponible dans l’immédiat, et utilisèrent la cartouche du fusil Gras. Certaines de ces cartouches sont frappées WESTER 2-17, signifiant qu’elles ont été fabriquées aux U.S. par Western Cartridge Company en Février 1917.

Commentaires : Ni le fusil, ni la cartouche n’ont jamais été utilisés aux U.S. Elle conviendrait pour le gros gibier d’Amérique du Nord, à courte distance, comme la plupart des autres cartouches militaires à poudre noire. Ses performances s’apparentent à celles de la 11 MM Mauser.

Sur la 11 MM Vickers, la balle est plus longue et plus lourde que celle de la 11 MM Gras d’origine. Il s’agit également d’une balle totalement chemisée, et certaines le sont en laiton. Il y a lieu de faire très attention avec ces dernières, car sur beaucoup de ces cartouches, la balle était une traçante/incendiaire. »

 

Poids de la balle de 365 à 386 Grains, vitesse initiale 1 451 F/S, soit 204,22 M/S, et autour de 1 779 P/SqI. d’énergie. La charge est donnée pour 78 Grains de Fg, ce qui équivaut chez nous à de la Mousquet Tir.

 

Diamètre de la balle :                       .445’’ ( 11,30 Millimètres )

Diamètre du collet :                         .468’’ ( 11,89 Millimètres )

Diamètre à l’épaulement :                .531’’ ( 13,49 Millimètres )

Diamètre de la douille à la base :      .544’’ ( 13,82 Millimètres )

Diamètre du bourrelet :                    .667’’ ( 16,94 Millimètres )

Longueur de la douille :                    2,34’’ ( 59,44 Millimètres )

Longueur de la cartouche :               3,00’’ ( 76,20 Millimètres )

 

Frank BARNES ne dit rien sur le rechargement de cette cartouche, mais si on cherche parmi ses sœurs presque jumelles, comme la 11 MM Murata et la 11 MM Mauser, on voit que les tables sont les mêmes. J’ai ouï dire qu’on peut utiliser des douilles de .348 Winchester re-formées. Il préconise également le moule LYMAN 439-186, qu’il dit donner une balle de .433’’ avec un poids de 370 Grains, ou le LYMAN 446-108, qui est censé sortir à .446’’. Je n’ai pas trouvé de traces de ce dernier moule dans mes pauvres catalogues.

 

Reste à savoir quelle cartouche on veut reproduire : le modèle de base, de 1874, l’améliorée de 1879, toutes les deux avec calepin, la modifiée 1879/83 avec la balle chemisée de métal et un nez plat, ou celle de tir réduit avec la balle sphérique, pour les enfants. Chez nous, LYNX, vend un moule sous le numéro 1125, mais la balle n’a pas la forme de l’originale, elle a le nez plat et elle possède des gorges de graissage à la place d’être lisse pour être calepinée. C’est du succédané anti-historique, sauce bricolage facile mauvais goût car pas pur. Par contre, ce sont ces balles que j’ai utilisées quand j’ai essayé mon mousqueton d’artillerie, rechargeant sur le stand même au fur et à mesure avec les outils SPALEK. C’est facile à faire, mais c’est loin de donner de cartouches identiques à celles de l’époque, et question précision, mes tirs n’ont donné que de la honte. C’est sûrement moi, mais je pense que le calepin en papier est de rigueur si l’on veut reconstituer une cartouche fidèle à l’originale. Le calepin est une toute autre histoire, et le matériel SPALEK ne permet pas le sertissage avec le papier. Sur le matériel LYNX, je relève les cotes suivantes :

 

Diamètre de la balle à la base :         .447’’ ( 11,35 Millimètres ), pour .445 chez BARNES

Longueur de la balle :                       .951’’ ( 24,16 Millimètres )

Poids de la balle :                             372,5 Grains, pour 375,5 Grains en moyenne sur l’originale

Nombre de gorges de graissage :      3 ( l’originale était lisse, pour être calepinée )

Largeur des portées :                       .138’’ ( 3,51 Millimètres )

Largeur des gorges de graissage :     .0,02’’ ( 0,51 Millimètre )

Longueur de la surface portante :     .464’’ ( 11,79 Millimètres )

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Philippe MENTION & Christian RAMIO donnent la balle d’origine à 10,9 MM, soit .430’’ sous le calepin. Sur les plans d’époque, on lit 11,00 MM. L’empreinte faite sur le canon de mon mousqueton me donne, bouchon tiède, .430’’ en plat de rayures, et .457’’ en fond. Or et si, en théorie selon LYMAN, un canon foré par exemple à .445’’ en fond de rayures voudrait une balle plus grosse de 0,002’’ au moins, disons .447’’, mon canon de .457’’ en fond de rayures devrait vouloir une balle de .459’’ finie. La balle LYMAN 439-186 fait .439’’ nue, pour un poids moyen réel de 385 Grains. Un calepin augmente le diamètre en moyenne de 0,008’’. Et quand BARNES écrit que la balle fait .445’’, ce qui colle avec la cote intérieure de la douille N.D.F.S., en comptant avec 0,008’’ de plus sur une LYMAN nue, on aurait .447’’, ou une cote beaucoup plus proche des .445’’ de BARNES ou même des .447’’ de la balle LYNX. Donc, il faut la chemise en papier sur la balle LYMAN. Cric-Crac, l’affaire est dans le sac, et le tour est joué ! Ce qui confirme l’utilisation de ce moule, mais on est loin du gros .459’’ trouvé plus haut… En fait, c’est fait exprès, comme dans le Martini-Henry, contre l’encrassement en tir soutenu, grâce aux grosses rayures. Comme çà, le petit moustachu à pantalon « garance », au képi à visière carrée et qui fleurait bon le mélange de pinard et d’ail à 100 mètres contre le vent, pouvait continuer à tirailler sur l’Africain ou le Tonkinois d’en face sans pleurer chez son chef parce qu’il avait besoin d’une pause de 5 minutes pour laver son arme en pissant dedans. Et si on veut utiliser une balle nue de meilleure forme que la LYNX, on est marron. Parce qu’avec ce qui sort des plus proches, soit du moule LYMAN # 457124 coulant une balle qui sort à .457’’, avec un poids qui correspond à celui de la balle d’origine, ou des # 459405 et # 457405 de chez LEE, on est à chaque fois trop gros.

 

Comme les douilles, même tirées, ne prennent plus ces balles dans ces calibres sortant entre .457’’ et .462’’, il faudrait re-calibrer. Et sûrement pas en une fois, mais en trois ou quatre, pour ne pas ovaliser. Or, et même jusqu’à .450’’, où c’est le maximum pour descendre, la cartouche finie ne chambre plus. Je suis d’accord avec ceux qui disent que re-calibrer du .457’’ jusqu’à .445’’ est une erreur. Il ne reste donc que la .439’’ de chez LYMAN, avec calepin, ou la LYNX, beuâârk, ou la bille de 11,35 MM comme d’origine, soit .447’’, sur une charge de pédé et une flèche pas possible pour un tir à 100 M. J’aime pas celle-là, nan !

 

Le calepin faisait 76 MM de long sur son plus grand côté, avec un recouvrement de 18 MM et une coupe à 35° sur la balle de 1874, celle de 1879 faisant 50°. Pour les douilles, on peut prendre celles de chez LYNX, déjà toutes faites car, en comparant leurs cotes avec celles de l’originale, on relève :

 

Marque de la douille :                       N.D.F.S.

Diamètre intérieur du collet :            .445’’ ( 11,30 Millimètres ), pour .445’’ chez BARNES

Diamètre extérieur du collet :           .468’’ ( 11,89 Millimètres ), pour .468’’ chez BARNES

Diamètre de la douille à la base :      .539’’ ( 13,69 Millimètres ), pour .544’’ chez BARNES

Diamètre du bourrelet :                    .662’’ ( 16,81 Millimètres ), pour .667’’ chez BARNES

Longueur de la douille :                    2,36’’ ( 59,89 Millimètres ), pour 2,34’’ chez BARNES

Longueur de la cartouche :               2,81’’ ( 76,42 Millimètres ), pour 3,00’’ chez BARNES

 

Je pense que ces douilles, en laiton tourné et rechargeables à l’envi, sont bonnes. En France, Mr. SPALEK commercialise du matériel de rechargement pour ce calibre, et ses outils, qui sont beaucoup plus simples mécaniquement parlant que ceux de chez LYNX, fonctionnent aussi avec les douilles et les balles LYNX. Par contre, les douilles LYNX sont larges et pour les balles de .445’’ de cette marque, il faut sertir. Comme beaucoup de gens, je n’aime pas cela dans les cartouches à poudre noire. La balle devrait pouvoir se mettre sur sa charge juste avec la force de la première phalange du pouce, « molle », et on tire dans la foulée.

 

A gauche, la cartouche avec la balle LYNX nue. A droite, la LYMAN # 439-186 avec calepin. Ce calepin est enroulé selon l’étude des cartouches originales et des croquis d’époque, c’est-à-dire ce que Paul MATHEWS voudrait mettre dans des « rayures profondes, pas à gauche ». Après çà et pour se faire plaisir, on choisit la combinaison entre ce qui ressemble le plus à l’une des quatre cartouches d’époque et ce qui groupe le mieux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour les charges, la poudre noire suisse est dite excellente. Chauvin, j’utilise la P.N.F. 1 de chez S.N.P.E.. La dose réglementaire était de 5,25 Grammes, soit 80,85 Grains, mais BARNES ne donne que 78 Grains, soit
5,05 Grammes. Après, une rondelle de carton glacé, puis la bourre, en cire d’abeille plus suif de mouton cassant, comme il faut qu’il soit, ou de la semoule ou du kapok pour arriver au niveau, et il y a de la place, puis à nouveau une rondelle de papier fort et enfin la balle, calepinée et recouverte de cire d’abeille sur
14 MM depuis l’avant. J’arrive à mettre 77 Grains au maximum dans mes douilles, et j’ai opté pour le graphite sur le papier. On dit que la semoule est valable comme produit de remplissage. Or, ses qualités hygroscopiques sont similaires à celles de la poudre. Donc elle pompera, ou rendra, le pourcentage de saturation en vapeur d’eau de l’air ambiant à laquelle elle aura été chargée, avec des résultats en explosion et en cible qui seront différents selon les lots. Les anciens utilisaient de la cire d’abeille mélangée à du suif, parfois juste la cire. La cire d’abeille, mélangée au suif ou non, attendrit les résidus de poudre brûlée en facilitant la translation des balles et en retardant le point critique de l’encrassement. Par conséquent, je ne vois pas pourquoi on pourrait se permettre de s’en priver pour la bourre, et c’est donc obligatoire, Gérard ! Enfin, les originales étaient vernies à la gomme-laque pour rendre étanche le joint entre le papier et la douille, et aussi pour faire « collé-serré ». Danse avec les fous !

 

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MBernard ZEHNACKER N