CALEPINEZ !

 

Un jour, il dit à ses disciples : « Yaka s’inspirer de ce que font les américains ! » ( Voir l’aventure ARDESA en 96 ). Un peu plus tard, l’un d’eux me sort un petit livre vert qui se révélera tout simplement magique ; il s’agit d’un truc écrit par un monsieur qui doit avoir quelque chose comme 75 ans ou plus au moment où ces lignes sont écrites, c’est Paul MATTHEWS, un spécialiste en matière de cartouches chargées à la poudre noire et de tir à longue distance, aussi bien sur silhouettes métalliques que sur carton, mais c’est un américain, alors le livre est écrit en hamburguèrekétcheupe, tant pis pour ceux ou celles qui ne savent pas le lire, mais aux autres, je dis : « Trouvez-vous absolument çà, c’est un meuste, c’est le tope. Ah-que, madâââme ! »

 

Ca s’appelle THE PAPER JACKET, ce qui peut se traduire librement par LA CHEMISE EN PAPIER, c’est paru au début des années 90 chez WOLFE PUBLISHING Co., c’est pas long à lire et c’est pas cher pour ce que c’est. La « chemise en papier » ; rien à voir avec la « jacket » flottante, la chemise en anglais c’est « shirt », pas « short », et puis d’ailleurs la jaquette et la chemise c’est pas pareil. Il s’agit de « chemise » avec le maillechort, ou le cuivre, ou le laiton, mais là c’est du papier. Je ne parle pas de la balle ronde dans son « canepin » de papier, de toile ou de peau, celle que nos ancêtres utilisaient pour régler, à l’aube au bord de la rivière ou dans une clairière, habillés avec des chemises en papier, et avec des témoins en plus de çà pour compter les points, leurs différends entre voisins en cas de tapage nocturne ou de voiture mal garée, je veux parler de cartouches métalliques chargées à poudre noire, avec une balle en plomb dont la partie inférieure est calepinée avec du papier ( Toute une histoire, et laquelle ! ).

 

Gloire aux pionniers qui ont trouvé ces petits secrets il y a plus de cent ans, et que nous risquons d’oublier car les sacrifiant sur l’autel de la flemme, de la facilité, de l’homme pressé ou de la technologie moderne… D’ailleurs, je suis sûr que nos amis Alain LAUNAY et Henri ROPARS, voire bien d’autres, ont lu ce petit bouquin ou en ont pris connaissance, puisque tout ce qu’ils ont dit ou écrit jusque là et que j’ai entendu ou lu d’eux, correspond avec ce qu’il y a dedans, et leurs résultats en cible sont là pour prouver qu’ils ont entièrement raison. Bon, c’est vrai que le calepin en papier n’est pas une nouveauté pour nous autres amateurs d’armes européennes, qui avons tous vu ou eu dans les mains, au moins une fois, une cartouche de 11 GRAS d’origine, ou une 11 MAUSER, une .450/577 MARTINI HENRY ou une 10,4 VETTERLI Suisse, ou encore une .43 Turkish ou Egyptien, hiéroglyphée ou pas, j’en passe et des meilleures, mais cette balle entourée de papier couleur crème et d’aspect graisseux sale avait toujours dégagé quelque chose de mystérieux pour moi, surtout que je suis plutôt fainéant et que je me voyais mal rouler des balles dans du papier qu’il faut d’abord découper, et puis s’énerver Parkinson-Rollingston’ à essayer de rentrer l’ensemble dans un étui sans déchirer tout ce travail avec mes doigts bègues ; bref, je pensais que c’était tout juste bon pour les autres et les masos.

 

Des Pépère Djaquétèdes, j’en ai compté au moins 51 dans le Frank BARNES, soit 21 européennes dont 6 anglaises, et 30 américaines obsolètes sur 384 en tout, en excluant les wildcats, les cartouches pour armes de poing, les percussions annulaires et celles pour fusils de chasse ; car j’ai la liste, moi, non mais, j’ai la liste que j’vous dis ! Pour des raisons évidentes de réduction d’encrassement et d’amélioration induite sur la précision, presque toutes les cartouches utilisées pour la chasse et le tir à « longue distance » à l’époque glorieuse étaient chemisées avec du papier chez les amerloques, alors que chez nous, on se contentait de faire la guerre avec en s’entretuant comme des malpolis qu’on était ; sûrement parce que ça marchait mieux, non ?

 

Or et une fois qu’on trouve vraiment de quoi il s’agit et qu’on découvre à quel point c’est simple de reproduire la chose, sans parler des résultats en cible, il n’y a plus de mystères. Plus de mystère, c’est peut-être dommage pour les rêveurs, mais moi je trouve que le calepin en papier, ça devrait être obligatoire, Gérard ! D’ailleurs, Mr. MATTHEWS recharge même des cartouches avec des poudres modernes, en utilisant des balles en plomb pur calepinées de la sorte, et les vitesses atteintes sont de l’ordre de 2300 Pieds par seconde, voire 3000 sans que cela fonde, soit 670 Mètres par seconde ou même 914 ! ( Aargh… ). A cette dernière vitesse, on imagine les forces qui sont dans l’arène, et la vitesse de rotation de la balle sur elle-même est quand même assez faramineuse en permettant d’imaginer qu’une telle balle molle pourrait avoir tendance à se désintégrer d’elle-même, mais notre quidam écrit qu’il arrive à des précisions de l’ordre de moins d’un Pouce et demi pour des groupements de 10 coups à 100 Yards ou plus, et avec ces balles calepinées « papier » qui arrivent entières question matière première. La première chose qui m’a sauté aux yeux, c’est quand j’ai lu qu’il était possible d’entourer de papier aussi bien une balle lisse, et c’est la meilleure solution ( t’as encore raison, Henri ), qu’une balle qui a des rainures de graissage, c’est-à-dire les seules que je trouve sur le marché du moule en France, je veux dire le marché proche ; pour les moules d’Espagne, voir les mareyeurs, ça pue, et pour l’Italie, j’espère trouver un jour mieux que ce que je connais déjà ; il reste les U.S.A. ou l’Australie, au bout du monde.

 

Et en plus, ça marche avec les Minié aussi : j’avais des problèmes depuis des années avec ma réplique de Springfield 61 en calibre .58, un Euroarms of America que j’avais acheté d’occasion il y a peut-être plus de cinq ans, plus pour arranger le vendeur que parce que j’en avais envie, et que je n’avais jamais réussi jusque-là, à faire tirer comme j’aurais voulu. Il me fallait d’abord un moule en .58 Minié ; à l’époque, j’ai donc d’abord acheté le premier que j’ai trouvé lors d’une rencontre « Arquebusiers », c’est-à-dire un LYMAN qui donne en fait du .575 et qui n’a pratiquement pas de jupe. Bien entendu, je n’arrivais pas à « rentrer », et je me suspectais d’avoir découvert pourquoi l’ancien propriétaire s’était débarrassé de l’objet, ou je me disais que c’était moi qui utilisais mal les organes de visée, lesquels sont d’ailleurs assez durs à maîtriser pour mes yeux je l’avoue, jusqu’à ce que Daniel BLANC me dise un jour que cette arme tirait en fait du .585. J’ai donc essayé avec un moule PEDERSOLI en .585, c’est vrai que la balle frottait un peu mieux alors que la .575 tombait toute seule au fond, et puis j’ai appris à bien couler les balles Minié, ce qui est également quelque chose d’autre entre nous soit-dit, je me suis mis à tirer des balles pesées et loties, et j’ai même fait faire un re-calibreur après avoir écouté Claude ALBERT-BRUNET, pas pour rendre la balle plus petite, pour la rendre parfaitement circulaire, mais la balle descendait toujours trop facilement et ne prenait pas les rayures au départ du coup. Malgré cela et des essais de charges plus puissantes, même des charges composites pour booster un peu au départ, toujours rien de super en cible. Un jour, je fais un 68/100 en amical avec un groupement autour du 4H00 et une bonne partie des impacts dans le blanc, et je me dis que la même chose mieux centrée m’aurait donné un score honorable voire bon, alors je reprends exactement les mêmes ingrédients le week-end suivant au Départemental chez moi, où je tape un superbe 12/100 avec 11 impacts hors cible en haut à gauche, un 2, et un 10 « Mouche » parfait par hasard en cours de match pour bien tourner le couteau dans la plaie. Le week-end suivant, pour être sûr que c’était pas moi qui faisait l’idiot, on ne sait jamais, j’essaie de nouveau avec les mêmes ingrédients, et j’arrive à mettre une balle à 2 Mètres à côté à droite en m’appliquant de mon mieux pour faire un 10, et bien de travers en plus, en plein milieu de la cible de mon voisin qui tirait du .44 en réglant son Contender… Bon, alors là, excuse-moi, je joue plus, on recommencera quand on sera calmé. Beaucoup d’autres essais plus tard mais après une petite séance de Paul MATTHEWS, j’essaie des balles Minié calepinées papier, mais en ayant suivi exactement la procédure de fabrication donnée par l’auteur, et là, j’obtiens enfin quelque chose de vraiment bien, avec des balles qui frottent comme il faut dans le canon, tout en ne forçant pas et sans entrer trop facilement, et qui groupent en cible, sans arriver de travers. Donc, du .575 pesé qui tombe tout seul, entouré de papier qui reste souple puisque ce n’est quand-même que du bois et qui, en se détendant, permet à la balle en plomb de gonfler.

 

Une fois de plus et puisque même le .585 re-calibré était trop juste pour ce mousquet, voilà la preuve qu’on trouve des répliques Italiennes dont les qualités ne correspondent pas avec les moules Italiens du commerce et, si le tireur ne veut pas faire ou se faire faire un moule spécialement adapté à son arme, il peut la raccrocher au râtelier, déçu, ou la vendre en ayant mauvaise conscience, ou alors calepiner ( Je ne pense pas que le fait de calepiner du Minié soit anachronique ou vraiment une hérésie, parce que la procédure de l’époque était bien d’utiliser le papier de la cartouche, mais le débat est ouvert pour les puristes…). Retenant cette tolérance, je vous sers donc la substantifique moelle de ce petit bouquin vert comme je l’ai comprise, ce n’est peut-être pas la traduction exacte de l’américain, bien que je crois maîtriser cette langue, mais je peux vous dire que ça marche très bien, et de toutes façons, je ne commets ces lignes qu’en me dégageant de toute responsabilité en cas d’accident ou de leur mauvaise interprétation.

 

L’esprit général, c’est la cartouche, l’intermède Minié n’ayant été donné uniquement pour prouver que la formule est universelle. On prend donc d’abord du papier fin mais solide ; le mieux si on en trouve, c’est le papier utilisé pour les télex, celui qui est autocopiant sur trois couches, il est bien rigide mais le papier pelure marche aussi. D’une manière ou d’une autre, le papier télex ou le papier pelure sont des espèces en voie de disparition puisque le téléfax et le traitement de texte sur papier « photocopie » format A4 ont pris leur place alors, pour des tireurs aux Armes Anciennes, on ne sort pas de l’ambiance « Musée ». Ensuite, il faut découper les bandes : A l’avant, le papier doit légèrement déborder du roule de la balle, soit 1 Millimètre disons en avant de la gorge de sertissage s’il y en a une, ou alors 1 Millimètre en avant de la partie cylindrique, en s’engageant un tout petit peu sur la partie conique pour permettre à la balle calepinée de prendre les rayures lors du chambrage et éviter une déchirure prématurée. A l’arrière, le mieux, c’est que les plis formant le retour ne soient coupés qu’au point où ils se regardent au centre de la base, sans se toucher, car la queue formée par un tortillon peut s’incruster dans la base de la balle au départ du coup et perturber la séparation, voire faire basculer le projectile sur son axe et affecter gravement la précision. Si l’on veut conserver le tortillon, il faut que celui-ci soit lâche, fin, et souple au centre ; pour les balles à base creuse, les plis du retour sont simplement retournés dans le creux de la jupe, sans former là non plus de boule ou de tortillon trop durs qui pourraient déformer la balle ou fragiliser la jupe en entrant dans le plomb au départ du coup. Pour ce qui est de la forme de la bande de papier, chaque petit côté doit être découpé à 40 degrés, pas 45, pas plus petit que 35, 40 c’est l’idéal dans un pas standard pour permettre un arrachage optimal du calepin lors du passage dans les rayures.

 

Parce que c’est cela, le secret : les couches de papier se désintègrent pendant le passage de la balle sur les rayures et elles sortent toutes du canon poussées par les gaz ; avec tout ce que j’ai déjà tiré de la sorte, je n’ai pas encore trouvé un seul morceau de papier qui soit resté dans mon canon après le départ du coup, alors il serait dommage, mais vraiment dommage pour lui je veux dire, que je me frite un jour avec un arbitre qui ne voudrait pas me laisser tirer des balles calepinées papier, en invoquant des questions de sécurité et en n’ayant pas la moindre notion de ce dont il parle. Parce que la balle doit sortir du canon parfaitement propre et nue, comme d’une douche de gaz brûlants et, comme le Règlement ne l’interdit pas, elle s’en ira droit au but, en tous cas là où les yeux et les mains du tireur lui auront dit d’aller.

 

Si le canon possède des rayures très peu profondes comme le Springfield 61 ou les Trapdoor, le calepin doit être enroulé autour de la balle à contre-pas pour que les rayures le déroulent quand la balle avance ; s’il s’agit de rayures profondes comme sur un Martini-Henry ou un Gras, le calepin doit se déchirer sur les angles, mêmes arrondis, des rayures quand la balle avance dans le canon, et elle doit être enveloppée dans le sens du pas. Au tireur de regarder dans son canon avant de fabriquer quoi que ce soit, et de déterminer s’il est rayé à gauche ou à droite, avec des rayures plates ou profondes. Bien entendu, la découpe des bandes de papier peut passer du mode artisanal avec la règle, le crayon et la paire de ciseaux, au massicot avec gabarit pour la grande production.

 

Pour enrouler cette bande de papier autour de la balle, il faut d’abord l’humidifier pour l’assouplir et lui permettre de se détendre, et la salive, c’est ce qu’il y a de mieux, sauf que pour le papier télex, le produit chimique qui le rend autocopiant risque fort de décourager une fois pour toutes le « fabricateur-amateur-devenu- malade », et dans ce cas, le blanc d’œuf non battu est excellent comme succédané à la salive. Ca marche aussi avec de l’eau simple, mais ça colle moins bien. Deux tours de papier, deux, pas un, pas trois, seulement deux, sont corrects, et le biais de la deuxième couche doit arriver juste un petit peu avant celui de la première, sans jamais faire se chevaucher les spires car il se formerait à cet endroit une zone plus épaisse et une altération induite du cylindre parfait obtenu après re-calibrage.

 

Une fois la balle enveloppée dans son papier, il faut bien la laisser sécher et on s’apercevra que le papier s’est tendu, donnant un aspect « habillé » au produit fini, qui reste en l’état aussi longtemps qu’on le lui permet si on ne le maltraite pas trop lors de l’entreposage ou du transport, voire du rechargement ; on dirait qu’il a des bandes molletières blanches, ou alors on a envie de dessiner dessus une petite croix rouge parce qu’il fait penser au déchiqueté en train de se faire couper une jambe à coups de marteau et de burin après avoir été touché par un tel projectile. Juste avant le tir, je graisse mes Miniés un tout petit peu avec mon mélange suif-cire d’abeille ramolli par malaxage, pour bien les faire descendre et passer les zones encrassées en bas du canon sans se déchirer, et pour ce qui est des cartouches métalliques, je les trempe tête en bas, mais pas si je dois les tirer plus tard que deux semaines pour éviter le ramollissement du papier par pénétration du gras en profondeur, dans un peu de cire d’abeille en train de fondre au bain-marie ; juste un aller-retour, puis la cartouche est épongée délicatement avec du papier toilette ou un chiffon doux, et enfin elle est entreposée tête en bas. Le calepin doit rester croustillant une fois sec.

 

Du côté du .45/70, j’ai également découvert pourquoi mon Trapdoor 84 groupait moins bien que ceux des autres ; c’est pas seulement parce que je tire mal ou que je croyais que le canon avait un défaut quand je trouvais du plomb dedans, c’est surtout parce que ces fusils tiraient des balles dont les diamètres atteignaient .463, voire .470, et que le .457 du .45/70 normal flotte dedans ! Or et avec les moules du commerce, à moins de s’en faire faire un et j’ai pas la patience, je n’avais rien de plus grand que du .457 re-calibré, ou alors du .458 ou, au mieux, du .459 brut de moule, mais peut-être pas parfaitement cylindrique dans ces cas-là. Maintenant, j’ai sorti le marteau à inertie et je fais du tam-tam pour les voisins du dessous, du dessus, d’à-côté et de l’autre côté de la rue en face, et je récupère plein de poudre sur toutes les boîtes que j’avais déjà chargées depuis un moment, j’utilise des étuis que j’ai légèrement agrandis à l’extrémité en ayant arrangé mes outils de rechargement pour que la balle soit juste bien maintenue, et je tire des cartouches fabriquées avec des balles calepinées, re-calibrées après le brut de moule .457 et enroulées à contre-pas dans les deux tours de papier pelure mouillé à la salive puis séché, avec un petit peu de cire d’abeille dessus la veille du tir ; ça va beaucoup mieux.

 

La panacée n’est peut-être pas aussi simple ; il y a plein d’autres détails intéressants dans ce livre, à chaque arme sa cartouche, à chaque marque d’outils ses particularités, et le domaine reste donc encore à explorer pour nous, petits Français ; il faut trouver la voie, et sans finir par vouloir couper la tête aux autres. Quand je disais que ces amateurs d’armes, c’est des fous ! Essayez, vous l’adopterez.

 

Bernard ZEHNACKER


 

CALEPINAGE DES BALLES

 

1°) RAYURES PROFONDES, CANON FORE AU PAS DE GAUCHE, & RAYURES SUPERFICIELLES, CANON FORE AU PAS DE DROITE : LA BALLE SE ROULE TETE A DROITE.

 

2°) RAYURES PROFONDES, CANON FORE AU PAS DE DROITE, & RAYURES SUPERFICIELLES, CANON FORE AU PAS DE GAUCHE : LA BALLE SE ROULE TETE A GAUCHE.

 

 

 

 


                        40°

 

 

Bulle rectangulaire à coins arrondis: Rouler vers le haut…
 

 


                        

2 ( 2PR )

 

 

 

                                                                   

 

                           

 

 

 

 


                                                                                                              

 

                                                        

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Ci-après quelques photos pour tenter d’illustrer un peu ces délires.

 

Au premier plan à droite, le moule LYMAN # 457124, qui sort un pélo à .457 avec un poids qui varie autour de 385 Grains, la balle est plate à la base et ses gorges de graissage sont arrondies, chose qui ne permet pas un excellent tassement au départ du coup et qui réduit les quantités de graisse dans les gorges. C’est une balle pour cartouches modernes. A gauche, c’est le moule LYNX qui donne une balle pour la 11 GRAS ; ces photos avaient été faites à l’époque pour un copain qui voulait recharger la 11 GRAS. Au deuxième plan, le moule # 459405 de chez LEE, qui donne une balle à base concave, peu de gorges de graissage et de bonnes portées, ou alors le # 457405, également de chez LEE mais à base plate. Le premier donne une balle qui sort du moule entre .459 et .463, et la deuxième entre .457 et .459. Elles pèsent toutes les deux entre 405 et 410 Grains.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur la photo ( floue ) de droite, d’abord à l’extrême gauche, la LYNX pour la 11 GRAS à base plate ( donc fausse par rapport à l’originale ), puis la LYMAN # 457124 également à base plate, puis la LEE # 459405 à base creuse, vue deux fois, et la LEE # 457405 à base plate.

 

Pour les calepins, je retiens la formule 2 X circonférence = 2 X diamètre X 3,1416, pour obtenir la longueur de la couverture. Tu prends donc ton crayon, ta règle et tes feuilles de papier pelure, et tu commences à tracer des bandes, dans lesquelles tu inscris des losanges. La largeur exacte importe peu, car tu as une tolérance de marge d’erreur avec le repli à l’arrière et l’empiètement sur la partie ogivale à l’avant. La longueur pile-poil est difficile à respecter pour un découpage sur du tracé au stylo bille, et de toutes façons, le papier une fois mouillé est souple, donc tolérant ; le plus important est que la bandelette ne soit pas trop longue.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ne pas oublier de tracer une ligne à 3 MM du bord de l’un des grands côtés, on verra après pourquoi. Puis on découpe, travail assez fastidieux quand on a les doigts bègues comme moi.

 

 

 

 

 


On prend la bandelette de papier, on la trempe dans l’eau, on l’égoutte délicatement avec les doigts sans la déchirer ( Cf. photo ), maintenant qu’on a réussi à découper tout ce papier, faut quand-même faire un peu gaffe de pas le foutre en l’air trop vite, ou dans le blanc d’œuf, ou alors on mouille avec la langue si on préfère, encore une bière, parce que ça donne soif vu qu’il faut la lécher des deux côtés pour éviter qu’elle ne s’enroule sur elle-même, et on la pose sur le bord de la table. Puis on pose dessus la balle recalibrée, propre, dégraissée et sèche, tête du bon côté ( Cf. annexe à CALEPINEZ ! ) et on commence à rouler ( Cf. photo ).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si tu as déjà roulé des clopes ou des joints, c’est plus facile ; sinon, tu apprends, et tu te plantes une ou deux fois au début. Parce que le traçage et la découpe sont les opérations les plus chiantes, on apprend vite à faire attention pour garder le papier entier. Tu te rendras compte que le papier colle bien tant qu’il est bien mouillé, qu’il se travaille assez bien somme toutes, et même qu’il se tend bien à condition de ne pas trop lui tirer sur la gueule. Attention à bien aligner les bords et à ne pas fabriquer une spirale, et surtout à ne pas tirer dessus, ça se déchire tout seul comme du papier pelure mouillé.

 

L’idéal est de reproduire des balles qui se ressemblent toutes absolument, et le plus facile pour cela est de tracer une ligne à l’arrière pour que le repli soit toujours pareil d’une balle à l’autre, ce qui entraîne naturellement un dépassement toujours identique à l’avant. On replie la partie qui dépasse à l’arrière, par petits quartiers. Puis on prend la balle finie dans les doigts de la main forte, par le plomb et pas par le papier, et on la presse sur le plan de travail, en tournant un peu du côté de l’enroulement pour bien finir le repli et tendre l’ensemble. On ne touche plus à rien, on attend que ça sèche. A la fin du XIXe. siècle, c’est exactement comme cela que  les balles étaient fabriquées en usine, par des femmes et des gosses… Entièrement roulées à la main !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour finir, soit tu t’amuses à fabriquer du mélange suif de mouton plus cire d’abeille en embaumant la baraque pendant des jours comme moi parce qu’il faut le faire tout doucement pour ne pas détériorer les qualités de la graisse, soit tu utilises du graphite, facile à trouver chez un serrurier. J’ai opté depuis pour le graphite ; c’est plus cancérigène, mais si tu te laves bien les mains après et si t’en bouffes pas, un verre de lait et ça repart.

 

 

De gauche à droite : 50 Grains de PNF1 sur une LEE # 457405 descendue à .452 avec calepin en papier passé au graphite à la fin ; 50 Grains de PNF1 sur la LEE # 459405 à base creuse, pas de calepin mais un « grease-cookie » ; 54 Grains de PNF1 sur la LEE # 459405, et à côté, en plus, des invitées de choix, une 11 GRAS et une .58 BERDAN, aucune des deux n’étant calepinée pour faire exactement le contraire de ce qui était fait à l’époque…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après, 60 Grains de PNF1 sur la 535 Grains qui sort du LYMAN # 457125 avec un calepin après qu’elle soit descendue à .452, la même balle sortie brute de moule sur 50 Grains de Mousquet Tir, sans calepin mais avec le « grease-cookie », 54 Grains de PNF1 sur la LEE # 459405 non calepinée et brute de moule ( ça dépasse sec ! ), et 50 Grains de PNF1 sur la LEE # 457405 à base plate de 405 Grains, avec calepin. A droite, la LYMAN et la LEE. Celle de gauche est sympa à tirer, mais la LYMAN de 535 Grains est sympa à tirer de toutes façons, même nue.

MBernard ZEHNACKER N

(: 02.28.00.05.00. ( H.B. )

) 06.03.98.78.36.