LA GENESE DU FUSIL MARTINI-HENRY en 450/577

 

( Puisé dans "A TREATISE ON THE BRITISH MILITARY MARTINI"

par B.A. TEMPLE &  L.D. SKENNERTON )

 

 

Après la guerre Prusso-Danoise de 1864, où le système Dreyse à aiguille avait fait ses propres preuves sur le champ de bataille et défendu son bout de gras aux yeux des observateurs étrangers tranquillement restés chez eux ou bien occupés ailleurs, dont  le gouvernement Britannique, la supériorité des armes à chargement par la culasse était déjà évidente pour qui savait le voir. En la personne de Lord de GREY and RIPON, le gouvernement de Sa Grâcieuse demanda donc un rapport sur  la chose, lequel daté du 11/07/1864, considéra, sans faire référence à quelque système en particulier, qu'il était en faveur d'armer l'infanterie avec une arme à chargement par la culasse; cette décision sonna le glas du système à chargement par la bouche dans le service de Sa Majesté ( et honni soit qui mal y pense ! ).

 

Une commission de 7 grands pontes de l'Armée avec à leur tête le Major-General RUSSEL, fut donc proposée par Lord de G. & R., ou plutôt désignée et, après délibération du 27/06/1864 au 11/07/1864, confirma la nécessité de l'adoption d'une telle arme et décida qu'un cahier des charges devrait être établi pour définir laquelle. Ce cahier des charges fut  pondu le 01/02/1865 par 6 autres vaillants militaires de bureau, dont  1 de la Royal Navy, 4 de la Royal Artillery et du Royal Arsenal, plus 1 des Royal Engineers, soit :

 

1er. APPEL D'OFFRES ( Etabli le 01/02/1865 et publié le 21/06/1865 )

 

-          Système : libre à culasse;

-          Cartouche : métallique ou cartouche papier;

-          Calibre : 0,450 pouces;

-          Longueur du canon : 39,0 pouces;

-          Poids du canon :  4 livres 8 onces à 8 livres;

-          Pas : optionnel;

-          Rayures : optionnelles;

-          Configuration : mousquet,  avec baguette mais sans bayonette;

-          Poids total : 9 livres au maximum;

-          Charge de poudre : pas plus de 70 grains de J2;

-          Poids de la balle : 480 grains;

-          Cartouche : peut posséder son ignition propre;

-          Lubrifiant : cire sur les balles obligatoire, avec possibilité d'autre lubrifiant en plus;

-          Cotes et plans a présenter avec 20 cartouches au W.O. avant le 30/09/1865;

-          Chacun des compétiteurs retenus pour les essais devra ensuite fournir 6 armes identiques au spécimen proposé, avec 1 500 cartouches par arme, dans les 3 mois suivant la date de la demande;

-          Chaque compétiteur devra s'expliquer sur la nature exacte du lubrifiant employé;

-          Les garnitures et la longueur de la crosse devront correspondre à celles du système d'ordonnance;

-          Une somme de 70 £ sera allouée à chacun des compétiteurs pour couvrir les frais des 6 armes et  des munitions.

 

De premiers examens furent effectués dès le 27/10/1865 sur 24 spécimens proposés, parmi lesquels seuls 8 étaient conformes au regard du calibre, poids et dimensions spécifiés par le cahier des charges, et sur lesquels 4 seulement furent retenus pour les essais, bien que considérés comme de qualité inférieure à ce qui était attendu, soit : SNIDER, JOSLYN, HENRY et LINDNER. Seul le système Snider fut considéré comme vraiment fiable, et il fut réservé pour d'autres essais aux fins de conversion du fusil Enfield à chargement par la bouche, d'où naquit le système Snider-Enfield dont il sera à nouveau question plus loin et que l'on connaît, ou que connurent certains de nos aïeux dans l'une de ces guerres endémiques avec nos voisins d'outre-Rhin où les gens s'amusent à tout casser chez les autres. Les systèmes Henry et Joslyn étaient inférieurs au Snider selon l'opinion du comité désigné; quant au Lindner, qui proposait un système à percussion avec amorce type "chapeau haut-de-forme" sur une cartouche en papier mâché de 0.58 à la chambre et 0.41 au calibre, il était tout juste digne d'essais parce que la Suisse l'avait déjà essayé.

 

En raison de l'échec, des investigations furent ensuite effectuées par le War Office auprès de 32 armuriers Anglais pour obtenir leur avis sur la meilleure façon de déterminer les critères de sélection pour la chose. En plus de critiques et de réclamations à l'encontre du gouvernement Britannique, on compte 3 avis qui ne sont pas contre quoi que ce soit, 3 autres qui ne disent rien, et tous les autres pleurent parce que 70 £ c'était trop peu…

On note également que WESTLEY RICHARDS, dont on entendra souvent parler jusqu'à la fin de cette histoire, prêchait pour sa paroisse en prétendant que son système à capsule et cartouche en papier était le meilleur, bien entendu parce que c'était le sien, alors qu'il était de toute évidence obsolète puisqu'il s'agissait d'une compétition organisée autour d'un système appelé à tirer une cartouche moderne, donc métallique, et a percussion intégrée.

 

2e. APPEL D'OFFRES ( 22/10/1866 et décisions annexes )

 

·         Poids de l'arme : pas plus de 9 livres;

·         Longueur totale : 51 pouces, crosse courte,  mesurée du creux de la plaque de couche a la bouche du canon;

·         Poids de la munition : pas plus de 6  livres 4 onces pour un paquet de 60 coups;

·         Cartouches : doivent posséder leur propre ignition;

·         Organes de visée : le guidon doit pouvoir accepter  une bayonette;

·         Crosse : doit accepter une baguette de nettoyage et permettre  la fixation d'une bretelle

·         Recul : ne doit pas dépasser  de plus de 10 % celui du fusil  Enfield;

·         L'arme doit être entière, capable de supporter un  tir prolongé, et un usage difficile, comme le fusil de marine converti au système Snider, et capable également  d'être utilisée en toute sécurité par des hommes mal entraînés, et être fabriquée en grandes quantités et de qualité uniforme;

·         La munition doit être d'une seule pièce, capable de supporter des dommages par utilisation brutale, l'humidité et l'exposition aux intempéries au même point que la cartouche boxer du fusil Enfiled converti Snider, aussi peu susceptible d'exploser accidentellement que celle-ci, et capable d'être fabriquée en grandes quantités et de qualité identique à chaque fois;

·         Calibre : optionnel,

·         Pas et forme des rayures : optionnels;

·         Type de culasse : optionnel

·         Rapidité de tir : doit être capable de tirer au moins 12 coups par minute sans viser,  les cartouches étant rangées sur une table;

·         Précision tirée sur appui fixe : le groupement des impacts de doit pas dépasser 36 pouces de diamètre à
1 000  yards;

·         Trajectoire : élévation maximum de 1 degrés 30 minutes à 500 yards;

·         Encrassement : pas de dispersion dans le tir de plus de 20 % à 1 000 yards, après 250 coups tirés;

·         Pénétration : la moyenne  sur 5 coups ne doit pas être inférieure à celle du fusil Enfield à chargement par la bouche, soit 12 planches d'un demi-pouce d'épaisseur de bois d'orme, préalablement trempées 48 heures dans l'eau, les tirs s'effectuant à 30 yards;

·         Lubrification : la cire sur les balles est obligatoire, mais l'adjonction de tout autre lubrifiant est autorisé sur, ou bien dans, la cartouche.

 

De plus :

 

·         Aucune arme ne sera réceptionnée sans les marquages d'épreuve;

·         Cotes et plans à produire, avec coût probable de l'arme, accompagnés d'un exemplaire fini et de 20 cartouches de la munition adéquate, au W.O. avant le 30/03/1867;

·         Après les premiers tests, les compétiteurs sélectionnés devront  fournir 6 armes identiques au prototype, avec 1 000 cartouches par arme, dans les quatre mois suivant la date de la demande;

·         Une somme de 300 £ sera versée à chacun des sélectionnés pour couvrir les dépenses des 6 armes et des munitions;

·         Une récompense de 1 000 £ sera accordée pour l'arme qui, toutes qualités confondues,  sera considérée comme correspondant le plus au cahier des charges;

·         Une deuxième récompense de 600 £ sera accordée à l'arme qui, en atteignant un degré d'excellence satisfaisant  sur d'autres points, sera sélectionnée pour les mérites de son mécanisme de culasse;

·         Une troisième récompense de 400 £ sera accordée pour la meilleure cartouche, les critères étant l'économie dans la fabrication, la capacité de supporter les conditions d'usage difficile, les détériorations conséquentes aux divers climats, et la facilité d'utilisation générale;

·         Aucun compétiteur ne pourra recevoir plus d'un prix.

 

Et :

 

·         Les armes à répétition et à magasin pour l'infanterie seront réceptionnées et examinées de la même manière que les fusils à culasse;

·         Leur longueur ne devra pas être inférieure à 48 pouces, crosse comprise;

·         La limite de poids pour ces armes est de 9 livres et demie, sans les charges des magasins;

·         Il est indispensable que ces armes puissent recevoir une bayonette;

·         Le Secrétaire d'Etat accorde une récompense de 300 £ pour la meilleure arme à répétition ou à magasin qui satisfera ces conditions;

·         Celles de ces armes qui seront acceptées pour  des essais complémentaires seront payées 60 £ chacune, cette somme comprenant 1 000 cartouches par arme. 

 

Enfin :

 

·         L'arme qui remportera le premier prix portera le nom de son inventeur.

 

Nous sommes maintenant au début de l'année 1867 et, ainsi, ce furent pas moins de 104 modèles proposés par différents concurrents qui se présentèrent cette fois et non plus 24, dont le système Martini qui apparut pour la première fois en Angleterre dans une telle compétition. Le nouveau comité est composé de 6 membres, tous différents des premiers à l'exception du Capt. HAIG, Secrétaire au Royal Arsenal, lesquels décident que le personnel militaire toucherait 10 £ en plus de leur solde, et les civils 2,2 £ par jour d'essais. Les 104 armes furent d'abord réparties en 2 classes, soit 37 qui étaient conformes au cahier des charges ou pouvant être considérées comme telles et 67 non conformes, auxquelles dernières vinrent s'ajouter 16 de la première classe après les premiers essais, soit 83. La deuxième classe revue se décomposa ensuite en 3 parties dont une liste A pour celles rejetées d'emblée, ou 68 au total, puis une liste B de 4 armes dont les mérites étaient susceptibles d'être quand même étudiés mais qui furent ensuite rejetées également, puis une liste C de 11 armes qui furent mises à part pour examen plus approfondi ultérieurement. Dans la première classe, 21 armes furent ensuite rejetées après les premiers essais, plus à nouveau 7 autres, les 9 armes restantes devant faire l'objet d'essais plus poussés, et on demanda finalement à chacun des inventeurs de ces dernières de fournir 6 armes plus leurs munitions selon le cahier des charges de l'appel d'offres.

 

Dans les 68 rejets d'office de la classe II liste A, on compte les noms de Messieurs ANTOINE, ALLEMANS & BARELLI, ARMSTEAD, APPLEYARD, BACON fusil N° 1, JOHN BENSUN & Co. Fusils N° 1, N° 2 et N° 3, BIER, BRIDGES, CARTER & EDWARDS fusil N° 1, H. CRAIG, T. CRAIG fusils N° 1 et N° 2, CYLIAX, DAVIS, ELLIOTT, FLACHAT, FOUGEROUX fusil N° 1, FOSBERY fusil N° 3, GREEVE & DOWLING fusils N° 1, N° 2 et N° 3, GIRVAN, GLISENTI fusil N° 1, De GRELLE "LORON", HALLIDAY, HAHN, HOOKHAM, ISHERWOOD & WARRY, JASPAR, JEROME, JULIEN, KILBEE, KUBERICK, LITTLE WALKER & MONEY, LINTOTT, MAPPIN fusils N° 1, N° 2 et N° 3, MERCIER fusils N° 1, N° 2 et N° 3, NEEDHAM fusils N° 2 et N° 3, PRINCE, POILVACHE, REEVES fusils N° 1, N° 2, N° 3, N° 4 et N° 5, ROBERT, RUSS & HAMMOND fusils N° 1 et N° 2, WESTLEY RICHARDS fusil N° 1, SCHNEIDER, SELWYN, SYME, TANNER fusils N° 1 et N° 2, TRONCHON, WHITWORTH & Co., WOLLEMAN fusil   N° 2, WRIGHT et WYLEY. Soit ces armes sont à des cotes ne correspondant pas au cahier des charges, soit le calibre n'est pas le bon, soit elles sont trop lourdes et beaucoup arrivent trop tard, les systèmes étant généralement rejetés pour cause d'imperfections manifestes.

 

Les 4 armes de la classe II liste B sont celles de Messieurs CORNISH, HENRY fusil N° 4, LALOUX et WESTLEY RICHARDS fusil N° 5, et les 11 armes de la classe II liste C sont celles de Messieurs BERDAN, CARTER & EDWARDS, FOSBERY, GREEVE & DOWLING, HAMMOND, NEEDHAM, POULTNEY, WESTLEY RICHARDS fusil N° 11, WESTLEY RICHARDS fusil N° 3, SHARP et WILSON. Parmi tous ces noms dont seuls certains sont connus, l'arme SHARP ( sans S à la fin ), dont le nombre de pièces articulées se limite à 3 soit le levier de sous-garde, le bloc et l'extracteur, n'a pas de baguette, elle est tirée par un quidam dont le nom est KERR, elle possède une culasse de forme sphéroïdale ( ?! ) et les cartouches sont à percussion annulaire.

 

LISTE DES ARMES REJETEES EN PREMIER LIEU DE LA CLASSE I :

 

Il s'agit des systèmes J. BOUCHER ( extracteur trop lent, facilité d'enrayage par introduction de sable ou de poussière ), F. BACON ( arme incomplète, difficulté de chargement, long-feux trop fréquents ), CARTER & EDWARDS ( extracteur non fiable et long-feux fréquents ), E. COLLEY ( imprécision trop grande, pas de sécurité du système à aiguille et pas de blocage de la cartouche vers l'avant ), CALLISHER & TERRY ( le fusil doit être tenu parfaitement horizontal lors du chargement, facilité d'échappement de gaz vers l'arrière ), H. DINES ( pas de sécurité de tir, fragilité de l'action ), T.A. EDGLEY ( le verrou ne fait pas son office, fragilité de l'ensemble, essais interrompus pour cause d'ouverture de la culasse au moment de l'explosion, des morceaux de cartouche blessant MR. EDGLEY à la figure ), C. FOUGEROUX ( le mécanisme de la culasse ne fonctionne pas lors des essais, l'extracteur s'est cassé, essais interrompus ).

 

Puis les GRAY ( cartouche susceptible d'être chambrée devant l'extracteur, compromettant la fermeture de la culasse, et difficultés pour sortir la douille après le départ du coup ), A. HENRY fusil N° 3 ( nécessité d'un mouvement supplémentaire pour extraire la cartouche ), Le PENOTIERE ( manque total de précision dans le tir,  échappement de gaz à la culasse, trop de ressorts dans le mécanisme ), PRINGLE ( lenteur du tir avec impossibilité d'amélioration, fragilité du mécanisme ), R. PUNSHON ( impossibilité de manœuvrer la culasse, pas d'amélioration du fusil Snider telle que le prétend l'inventeur ), RODEN-SNIDER fusil N° 2 ( analogue au N° 1 placé dans la liste B ce la deuxième classe, mais précision   inférieure ), fusil N° 3 ( extrême imprécision du tir, mauvais fonctionnement de l'extracteur ), fusil N° 4 ( trop de difficultés pour l'extraction des cartouches ), Capt. SELWYN ( précision et rapidité de tir insuffisantes, mauvaise extraction, attribuées au système ), WESTLEY-RICHARDS fusil N° 2 ( essais impossibles en raison de l'incompatibilité de la chambre et des cartouches ), fusil N° 3 ( percuteur trop long occasionnant trop de problèmes, essais interrompus pour cette raison ), fusil N° 4 ( retiré de la compétition ), WOLLEMAN ( la cartouche en papier se casse lors du chargement, entre le canon et l'aiguille ). Qui connaît tous ces systèmes et, juste pour l'histoire des armes dont nous autres amateurs sommes si friands, sortiront-ils un jour des oubliettes dans lesquelles ils ont été impitoyablement jetés alors qu'ils fonctionnaient? On voit d'ailleurs que plusieurs d'entre eux sont encore à aiguille et à cartouche papier.

 

LISTE DES ARMES  REJETEES EN DEUXIEME LIEU DE LA CLASSE I :

 

Il s'agit des systèmes J.R. COOPER ( enrayages dus à l'extracteur lors de la fermeture, l'exposition du bourrelet et de la base de la cartouche rendent dangereux le tir de cartouches en mauvais état ), Major FOSBERY fusil   N° 2 ( fusil identique au N° 1, placé en liste C ), A. HENRY fusil N° 1 ( fusil identique au N°  2, placé en liste C, seul diffère le calibre ),  KRUTSCH ( pièces maîtresses de la culasse trop exposées à la rouille ou bien à l'encrassement ), RODEN-SNIDER fusil N° 1 ( le bloc de culasse peut s'ouvrir lors du tir d'une cartouche défectueuse, nécessité de renverser le fusil pour faire tomber la douille tirée, la cartouche a doit être pressée entièrement dans la chambre pour que la culasse puisse être fermée ), W. SOPER ( bonnes performances mais système trop compliqué, système de sûreté pas satisfaisant ), W. TRANTER ( pas de système de sûreté, rendant impossible l'attribution à des hommes insuffisamment entraînés ).

 

On retrouve des noms déjà plus connus mais, là aussi, on aimerait bien en savoir plus sur ces systèmes et l'air qu'ils donnaient à ces armes. Il n'y eut pas de rapport d'établi pour les armes de la deuxième classe, dont plusieurs inventeurs se retirèrent de la compétition, bien que le comité pensât que quelques-uns une méritaient d'être regardées de plus près comme on s'en rend compte, et il n'y eut pas de rapport  non plus sur les munitions. Ces décisions furent officialisées par le comité par écrit du 19/06/1867, un courrier en date du 22/06/1867 fut adressé aux neufs compétiteurs retenus en leur demandant de produire 6 armes identiques au modèle proposé pour l'examen, plus 1 000 cartouches, le tout en échange de 300 £, et un autre courrier en date du 03/07/1867, de rejet définitif celui-là, fut adressé aux 18 concurrents malheureux dont les systèmes n'avaient pas été retenus. On décida également que 6 fusils Enfield  convertis Snider, version "Marine" dit Naval, seraient mis en concurrence parallèle lors des essais finaux, lesquels ne débutèrent pas avant le 28/11/1867 et durèrent jusqu'au 12/02/1868.

 

ARMES RETENUES POUR LA COMPETITION :

 

·         ALBINI & BRAENDLIN : Calibre 0.462, cartouche métallique à percussion centrale, système à bloc basculant, 12 coups tirés en 51 secondes le 29/06/1867 par MR. BRAENDLIN sur la version améliorée;

·         J.H. BURTON fusil N° 1 : Canon en fonte, calibre 0.577, cartouche réglementaire BOXER, système à bloc basculant, articulation en dessous, manœuvrée par un levier devant le pontet, chien séparé, 12 coups tirés en 57 secondes le 26/04/1867 par MR. BURTON;

·         J.H. BURTON fusil N° 2 : Calibre 0.577, cartouche réglementaire BOXER, système à verrou manœuvré par un levier, 12 coups tirés en 1 minute 02 secondes le 26/04/1867 par MR. BURTON ;

·         Major FOSBERY fusil n° 1 : Calibre 0.568, cartouche réglementaire BOXER mais peut tirer des cartouches papier moyennant une petite modification, système à bloc basculant avec articulation à l'avant, extraction de la douille par une tige attachée le long du canon, 12 coups tirés en 50 secondes par le Major FOSBERY le 02/05/1867;

·         A. HENRY fusil N° 2 : Calibre 0.453, adapté à la cartouche BOXER, système à bloc vertical manœuvré par un levier inférieur bloqué sous le pontet, chien séparé, 12 coups tirés en 57 secondes le 08/05/1867;

·         B.F. JOSLYN : Calibre 0.500, adapté pour une cartouche en cuivre à percussion annulaire, mais aussi pour une cartouche à percussion centrale, système à bloc basculant latéralement, 12 coups tirés par MR. BIRD en 47 secondes le 08/05/1867;

·         F. MARTINI : Calibre 0.433, adapté pour une cartouche en cuivre à percussion annulaire, mais peut être adapté pour une cartouche à percussion centrale, système à bloc pivotant manœuvré par un levier situé derrière le pontet, 12 coups tirés en 48 secondes le 14/05/1867 par le soldat BRISTOW des Royal Marines, qui n'était pas habitué à cette arme;

·         H.O. PEABODY : Calibre 0.500, adapté pour une cartouche métallique à percussion annulaire, système à bloc pivotant manœuvré par un levier formant pontet, 12 coups tirés en 53 secondes le 14/05/1867 par le Sergent BOTT des Royal Marines, qui n'était pas habitué à l'arme;

·         S. REMINGTON : Calibre 0.500, adapté pour une cartouche en cuivre, à percussion centrale ou bien annulaire, système à bloc roulant combinant selon MR. REMINGTON simplicité de construction et d'action, en même temps que de solidité, 12 coups tirés en 50 secondes par MR. KERR avec la percussion centrale le 14/05/1867, et 11 coups en 40 secondes avec la percussion annulaire.

 

* ESSAIS DE PRECISION :

 

-          Tirs conduits en ligne avec 4 fusils;

-          Si possible, un fusil de chaque système, tirant en même temps que le fusil Snider Marine, chaque jour d'essais, séries de 20 coups et début des tirs à 300 yards;

-          Les fusils sont essuyés après chaque cible;

-          Tout fusil atteignant la précision nécessaire à n'importe quelle distance qualifiera le système dans cette épreuve;

-          La même règle est valable pour l'épreuve de trajectoire, et dans l'épreuve d'encrassement à 1 000 yards;

-          En cas d'échec d'un système à atteindre le niveau à n'importe quelle distance, le comité se réserve le droit de ne pas continuer les essais avec ce système;

-          La moyenne des résultats sera faite à chaque distance pour la comparaison de chaque système;

-          L'ordre dans lequel les fusils sont tirés variera chaque jour;

-          Les cinq cibles figurant sur les résultats seront tirées en deux jours, à raison de deux cibles le premier jour et trois le deuxième.

 

C'est aussi fair-play que du Cricket bien joué et, les dispersions moyennes étant données en pieds selon les distances tirées pour 4 fusils tirés, nous avons dans l'ordre de haut en bas, le Snider Marine étant donné à la fin à titre de comparaison :

 

DISPERSION A 300 YARDS :

 

1°) BURTON N° 2 :                                             0,63 pieds

2°) ALBINI & BRAENDLIN :                           0,69 pieds

3°) BURTON N° 1:                                              0,76 pieds

4°) HENRY N° 2 :                                0,85 pieds

5°) MARTINI :                                                    1,16 pieds                            

6°) FOSBERY :                                                    1,23 pieds

7°) REMINGTON :                                              1,58 pieds

8°) PEABODY :                                                   1,67 pieds

9°) JOSLYN :                                                       1,74 pieds

N/C) SNIDER NAVAL :                                     0,75 pieds

 

Il faut dire que le comité attribua le manque de précision à 300 yards des Joslyn, Martini, Peabody et Remington à une apparente mauvaise qualité des cartouches, que le Henry atteignit la précision de moins de 6  pouces de dispersion sur 7 cibles sur 20, la moyenne générale plus médiocre étant attribuée à des coups mal tirés, et qu'aucun des fusils n'atteignit la moyenne de 6 pouces réglementaire.

 

DISPERSION A 500 YARDS :

 

1°) BURTON N° 2 :                                             1,27 pieds

2°) HENRY N° 2 :                                1,41 pieds

3°) BURTON N° 1 :                                             1,52 pieds

4°) ALBINI & BRAENDLIN :                           1,53 pieds

5°) MARTINI :                                                    2,01 pieds

N/C) SNIDER NAVAL :                                     1,37 pieds

 

Les Fosbery, Joslyn, Peabody et Remington n'atteignant même pas la précision qu'il fallait à 300 yards, soit une moyenne de 1 pied, rendirent ainsi inutiles les essais de ces fusils aux autres distances. A 500 yards, le Henry réussit 6 groupements sur 20 de moins de 1 pied, la mauvaise moyenne étant de nouveau attribuée à de mauvais tirs, et les cinq systèmes restants, plus le Snider, continuèrent donc les essais à 800 yards.

 

DISPERSION A 800 YARDS :

 

1°) HENRY N° 2 :                                2,38 pieds

2°) BURTON N° 2 :                                             3,14 pieds

3°) ALBINI& BRAENDLIN:                             3,46 pieds

4°) MARTINI :                                                    4,04 pieds

5°) BURTON N° 1:                                              5,33 pieds

N/C) SNIDER NAVAL :                                     3,76 pieds

 

A 800 yards, 3 des 4 Henry réussirent à se qualifier pour 1 000 yards, tout comme le quatrième fusil Burton     N° 2, ce qui fit que seuls le Henry et le Burton N° 2 se retrouvèrent avec le Snider  à 1 000 yards.

 

DISPERSION A 1 000 YARDS :

 

1°) HENRY N° 2 :                                3,45 pieds

2°) BURTON N° 2 :                                             5,77 pieds

N/C) SNIDER NAVAL :                                     6,92 pieds

 

A 1 000 yards, aucun système ne se qualifia mais le Henry se révéla supérieur aux autres, grâce à son petit calibre qui donnait avec la grosse charge une plus grande vitesse à la balle en comparaison aux autres armes. On remarqua également une tendance aux long-feux chez le Fosbery et l'Albini quand les blocs de culasse n'étaient pas complètement fermés et, sur certains des Burton N° 2, le ressort à boudin était trop faible pour assurer à chaque fois une percussion parfaite de l'amorce.

 

* ESSAIS DE RAPIDITE DU TIR :

 

Des tests de qualification de 12 coups au minimum par minute ont d'abord été effectués, cartouches disposées sur une table devant le tireur, pas plus de 10 séries par arme, chaque série étant une salve de 13 coups en prenant son temps, toute position autorisée. Toutes les armes se qualifiant, les essais de rapidité ont ensuite été faits par le Soldat CROFTS, Royal Marines, et par le Sergent Mc.CANLIS, Royal Artillery, sur des séries de 20 coups. Sur le Martini, les cartouches éclatèrent régulièrement au niveau du bourrelet, rendant le tir dangereux au point de faire arrêter les essais pour cette arme. Sur le Remington aussi, les cartouches étaient défectueuses, cassant en deux ou trois morceaux et compromettant l'utilité de ces essais. Même problème de cartouches pour le Joslyn, sur lequel elles restaient coïnçées au point de trop ralentir les essais pour qu'ils soient significatifs. Ces cartouches étant du type Boxer dont une partie était en papier, les fortes pluies qui tombaient lors de ces essais les trempèrent au point de fortement compromettre le chambrage, particulièrement sur les Burton N° l et N° 2, le Fosbery et le Snider. Les temps suivants sont des moyennes de 6 séries de 20 coups, et le dernier chiffre correspond au nombre moyen de coups tirés par minute.

 

1°) PEABODY :                                   1'13"6 cent., 16 coups par minute

2°) HENRY N° 2 :                 1'15"0 cent., 16 coups par minute

3°) FOSBERY :                                     1'24"5 cent., 14 coups par minute

4°) ALBINI 1 BRAENDLIN :             1'28"8 cent., 14 coups par minute

5°) BURTON N° 1 :                             1'28"9 cent., 13 coups par minute

6°)  BURTON N° 2 :                            1'44"8 cent., 11 coups par minute

7°) JOSLYN :                                        2'03"2 cent., 10 coups par minute 

N/C) SNIDER NAVAL :                     1'23"1 cent., 14 coups par minute

 

On procéda ensuite à des essais combinés de rapidité et de précision, sur une cible large de 24 pieds et haute de
6 pieds, les tirs s'effectuant à 100 yards.

 

1°) PEABODY :                                   28 coups tirés, 26 touchés

2°) BURTON N° 2 :                             26 coups tirés, 24 touchés

3°) ALBINI & BRAENDLIN :            25 coups tirés, 24 touchés, 1 long-feu

4°) HENRY N° 2 :                 25 coups tirés, 24 touchés

5°) FOSBERY :                                     24 coups tirés, 23 touchés

6°) BURTON N° 1 :                             20 coups tirés, 19 touchés

7°) JOSLYN :                                        18 coups tirés, 18 touchés

N/C) SNIDER NAVAL :                     23 coups tirés, 23 touchés  

 

* ESSAIS DE RECUL :

 

Ces essais ont été effectués comparativement avec le Snider Naval et un Enfield à chargement par la bouche, au moins 3 coups étant tirés à chaque fois à partir d'une machine, tous les systèmes se qualifièrent selon le critère que le recul devait pas dépasser de plus de 10 % celui du fusil Enfield qui était de 92 livres, et les moyennes vont de 69 livres pour le Martini et le Peabody, à 97 livres pour le Henry N° 2, les poids de départ variant de 2 livres pour le Burton N° 2 à 11 livres pour le Burton N° 1, avec une moyenne générale de 7 livres.

 

* ESSAIS DE PENETRATION :

 

Avec un minimum de 5 coups tirés par arme, la qualification requise était une pénétration de 12 planches de bois d'orme, d'un demi-pouce d'épaisseur chacune, trempées pendant 48 heures dans de l'eau et séparées d'un demi-pouce à chaque fois, la distance entre le bouche du canon et la première planche étant de 30 yards. Les Burton N° 1 et N° 2, le Fosbery , le Martini et le Snider échouèrent à ce test, tous sauf le Martini utilisant la cartouche Boxer de type réglementaire, mais le comité estima que ces essais étaient de moindre importance.

 

1°) REMINGTON :                              15,4 planches

2°) JOSLYN :                                        15,0 planches

3°) HENRY :                                         14,6 planches

4°) PEABODY :                                   14,2 planches

5°) ALBINI & BRAENDLIN :            13,5 planches

6°) MARTINI :                                    11,8 planches

7°) BURTON N° 1 :                             11,7 planches

8°) BURTON N° 2 :                             10,8 planches

9°) FOSBERY :                                     10,0 planches

10) SNIDER NAVAL :                        10,0 planches

11°) ENFIELD M/L :                           13,9 planches

 

* ESSAIS DE TRAJECTOIRE :

 

Seuls les fusils ayant réussi lors des essais à 500 yards furent tirés pour ce test, et les angles d'élévation varièrent de 1 degré 11 minutes pour le Martini, à 1 degré 39 minutes pour le Burton N° 1, les seuls armes qualifiées étant le Martini, le Henry N° 2 et le Albini & Braendlin.

 

* ESSAIS D'ENCRASSEMENT :

 

Ce test devant être effectué sur des tirs à 1 000 yards, seuls les fusils Burton N° 2 et Henry  N° 2 furent essayés, avec le Snider pour comparaison, le programme initial étant changé à raison de 2 essais, le premier sur 3 cibles tirées avec 20 coups sur appui, ensuite 250 coups rapidement, puis à nouveau 3 cibles sur appui, et le deuxième sur 3 cibles avec 20 coups, puis les 250 coups sur des cibles différentes de 20 coups tirés rapidement, alternés avec 20 coups tirés visés, puis enfin 3 cibles à nouveau pour comparaison avec les 3 premières. Les fusils Burton N° 2 et Snider furent excellents dans chacun de ces deux tests, le tir de 250 coups semblant améliorer la chose, alors qu'avec le Henry, il fut impossible de trouver la cible après les 250 coups, ce défaut ne se retrouvant pas au deuxième essai bien que le critère éliminatoire de 20 % de détérioration du tir fût atteint.

 

* ESSAIS DE RESISTANCE :

 

Ces tests furent effectués sur la capacité de supporter le tir continu, un usage brutal et l'exposition aux conditions climatiques difficiles, et le programme était de  :

 

-          Tirer avec l'arme après avoir jeté dessus du sable fin ou de la terre, culasse ouverte et culasse fermée.

 

Dans un premier temps, du sable serait jeté sur la culasse, fermée et chien à l'abattu, puis 3 cous seraient tirés. La même opération serait répétée culasse fermée et chien à l'armé, puis la même à nouveau, culasse ouverte.

 

Tous les systèmes fonctionnèrent bien culasse fermée, et le Henry, le Joslyn et le Remington fonctionnèrent lors du test culasse ouverte. Le Burton N° 2, le Fosbery et le Peabody furent légèrement affectés lors du test culasse ouverte, mais de grosses difficultés furent rencontrées pour refermer la culasse et chambrer la cartouche sur les Albini & Braendlin et Burton N° 1, du sable entrant dans la charnière du bloc basculant sur ce dernier en empêchant le fonctionnement. Le Snider Naval se tira bien du test bien que l'extraction des douilles fût difficile.

 

-          Tirer avec l'arme que l'on a laissée rouiller.

 

Une série de 100 coups fut tirée sur chaque arme en 4 jours, les fusils furent laissés tels quels, sales et exposés aux intempéries entre-temps puis, en l'état, furent laissés pendant 14 jours et nuits sous la neige, le gel, la pluie, et ensuite tirés à nouveau avant démontage et examen de l'intérieur. Comme résultats, on constata que le Burton N° 1, le Henry N° 2 et le Fosbery fonctionnaient bien après cette épreuve bien que deux pièces cassèrent sur le Fosbery lors du dernier coup tiré, des problèmes de chambrage furent rencontrés sur le Albini & Braendlin, le  Remington s'en tira bien lui aussi avec juste un problème d'échappement de gaz que l'on attribua aux cartouches jugées défectueuses, le sixième Snider dut être remplacé le quatrième jour à cause de bris de l'extracteur attribué à un vice propre alors que le cinquième, que l'on fit tirer 400 coups  pour le mettre dans le même état que les autres, tira sans problèmes les 5 coups après les 14 jours d'exposition aux intempéries et se démonta sans rechigner, mais le Joslyn s'enraya, sa crosse se fendit, sur le Martini les cartouches éclatèrent au niveau du bourrelet, l'extracteur ne fonctionna plus, et son démontage ne fut possible qu'après un trempage prolongé dans l'huile; quant au Peabody, les cartouches éclataient à la base en laissant échapper des gaz et l'extracteur fit aussi des siennes en passant par dessus le bourrelet.

 

-          Tirer avec des cartouches endommagées, et avec des charges accrues.

 

Les cartouches furent délibérément endommagées par usure ou perçage de la tête, pour provoquer un échappement de gaz plus important que ce qui aurait pu arriver en cas de mauvaise fabrication. On tira 4 cartouches en deux essais, les zones endommagées sur les cartouches étant placées à des endroits différents par rapport à l'extracteur et les pièces de la culasse. Tous les compétiteurs passèrent ce test avec succès, et aucune culasse ne s'ouvrit lors des tirs avec des cartouches endommagées. Le Snider ne fut pas affecté par les deux premiers coups, mais le bloc s'ouvrit partiellement lors du troisième coup, avec projection de la base de la douille au dehors, et le bloc s'ouvrit à nouveau lors du quatrième coup mais la douille resta dans l'arme. Il n'y eut pas de classement. Le détail des réactions, la partie endommagée de la cartouche étant placée vers le bas lors du premier essai, et près de l'extracteur lors du deuxième, se présente  comme suit :

 

ALBINI & BRAENDLIN : Au premier essai, le chien recule d'un huitième de pouce, le papier enroulé autour de la culasse est très déchiré, la culasse est un peu dure à ouvrir. Au deuxième essai, la culasse reste saine lors des deux coups, mais le chien et le verrou sont repoussés d'un dixième de pouce vers l'arrière à chaque fois.

BURTON N° 1 : Au premier essais, les gaz s'échappent principalement vers le bas, le papier enroulé autour de la culasse n'est pas trop déchiré, la culasse s'ouvre facilement. Pas d'effet sur les deux coups au deuxième essai.

BURTON N° 2 : Au premier essai, la culasse est saine, elle s'ouvre facilement, l'échappement des gaz se fait vers le haut, déchirant le papier qui l'entoure. Pas d'effet sur les deux coups lors du deuxième essai.

FOSBERY : Au premier essai, la culasse est saine, le papier noircit de part et d'autre, les douilles collent un peu à la chambre et il faut un effort pour les faire sortir. Pas d'effet sur les deux coups lors du deuxième essai.

HENRY N° 2 : Au premier essai, l'action sur le mécanisme est difficile après le tir, à cause de l'encrassement entre le bloc et la carcasse, la culasse est saine. Le mécanisme est également difficile à manœuvrer au deuxième essai après le tir du deuxième coup.

JOSLYN : Au premier essai, la culasse s'ouvre un peu lors du tir du premier coup, mais des doutes existent quant à sa bonne fermeture avant le tir; au deuxième coup, le papier entourant la culasse se déchire mais le bloc reste fermé. Pas d'effet sur les deux coups lors du deuxième essai.

MARTINI : Au premier essai, le papier enroulé autour de la culasse se déchire, principalement au dessus du mécanisme, système sain. Pas d'effet sur les deux coups lors du deuxième essai.

PEABODY : Au premier essai, le papier enroulé autour de la culasse se déchire, principalement au dessus du mécanisme, système sain. Pas d'effet sur les deux coups lors du deuxième essai.

REMINGTON : Au premier essai, le papier enroulé autour de la culasse se déchire par le dessus, la culasse s'ouvre difficilement après le deuxième coup. Pas d'effet sur les deux coups lors du deuxième essai.

SNIDER : Au premier coup du premier essai, le bloc de culasse s'ouvre d'un dixième de pouce, il reste fermé au deuxième. Au premier coup du deuxième essai, la culasse s'ouvre de nouveau mais jusqu'à la moitié, et la majeure partie de la douille, avec la base solide, est projetée au dehors; lors du deuxième coup tiré lors du deuxième essai, la culasse s'ouvre de nouveau mais moins que la fois précédente, et la douille reste dans la chambre.

Lors des essais avec des charges plus fortes, qui sont effectués à raison de une cartouche à double charge et deux balles, et une cartouche à double charge et trois balles, seuls le Burton N° 1, le Joslyn et le Remington ne résistent pas sans dommages, soit :

 

BURTON N° 1 : Eclatement du canon, mais culasse intacte fonctionnant bien après l'explosion.

JOSLYN : Eclatement du canon au premier coup, et le mécanisme de culasse est complètement détruit, le bloc atterrissant à quelques 100 yards plus loin.

REMINGTON : Eclatement de l'arme au deuxième coup, la séparant en deux morceaux dont une partie du canon et une partie du mécanisme de culasse.

 

-          Essais de résistance du fût et de la crosse.

 

Ces essais ont été effectués par le Colonel DIXON, Superintendant du Royal Small Arms Factory sur une seule des armes des 9 compétiteurs et, en fonction de son rapport, le comité fit trois catégories où le Burton N° 2 et le Fosbery étaient déclarés vainqueurs, puis une seconde incluant le Burton N°1, le Henry N° 2 et le Remington, et enfin la troisième avec le Albini & Braendlin, le Joslyn, le Martini et le Peabody. Les critiques du Colonel DIXON accusent le Albini & Braendlin et le Burton N° 1 d'une fragilité de la crosse au niveau de la poignée, le bois du Burton N° 2 et du Fosbery sont bons pour le service, celui du Joslyn est jugé trop différent de celui du Enfield pour espérer utiliser les stocks déjà existants, et la solidité de l'ensemble crosse et fût du Martini est jugée insuffisante.

 

-          Examen pour la facilité de fabrication :

 

En fonction du rapport DIXON, le comité classa les armes concurrentes dans l'ordre de préférence au regard de la facilité de fabrication en quantité et en qualité uniforme, à savoir qu'en premier lieu vint le Burton N° 2, puis le Joslyn en deuxième place, puis le Henry N°2, le Albini & Braendlin et le Martini en troisième place ex-aequos, puis le Fosbery en quatrième, le Peabody en cinquième, le Remington en sixième et le Burton N° 1 en dernière place.

 

CONCLUSIONS DU COMITE SUR LA COMPETITION :

 

Les standards requis se sont révélés très hauts et bien supérieurs au fusil Snider Naval à cinq rayures, mais aucune des armes compétitrices n'a atteint ces standards puisque toutes, y compris le Snider Naval, ont échoué dans l'épreuve de précision; en rapidité, tous les compétiteurs et le Snider se sont qualifiés; en recul, tous se sont qualifiés; en pénétration, cinq se sont qualifiés, les autres incluant le Snider Naval, échouant dans le test de pénétration des planches; en encrassement, le Burton N° 2 et le Snider Naval se sont qualifiés, et il est certain  que le Henry N° 2 aurait pu se qualifier si tiré de la même manière que dans le second test; en capacité de supporter une utilisation négligée, tous les fusils ont fait preuve d'un degré d'excellence satisfaisant et la plupart se sont révélés supérieurs au Snider Naval; lors des tests de résistance aux surcharges, tous les mécanismes y compris le Joslyn et le Remington, ont bien supporté les tests. La munition utilisée par certains compétiteurs s'est révélée être en cause à plusieurs reprises, particulièrement pour le Albini & Braendlin, le Martini, le Joslyn et le Remington et, après expédition d'un lot de 20 cartouches de MR. HENRY au laboratoire du Chemical Department, il s'est avéré que le lubrifiant utilisé dans sa munition ne valait pas celui de la cartouche Boxer sous certains climats et qu'il n'était donc pas conforme. En conséquence, aucun des compétiteurs n'est en droit de réclamer le prix de 1 000 £ et l'ordre de préférence donné par le comité est le suivant :

 

1°) HENRY N° 2;

2°) BURTON N° 2;

3°) ALBINI & BRAENDLIN;

4°) FOSBERY;

5°) BURTON N° 1;

6°) PEABODY;

7°) MARTINI;

8°) REMINGTON;

9°) JOSLYN.

 

Le comité estima que le Henry N° 2 avait presque atteint la plupart des critères de qualification requis, mais que sa munition avait échoué dans un domaine jugé trop important, et que le Burton N° 2 et d'autres armes qui donnèrent satisfaction dans beaucoup de domaines, avaient échoué dans celui de la précision aux longues distances. En conséquence, il ne se jugeait pas en droit de recommander l'attribution des 1 000 £.

Pour ce qui est du prix de 600 £ promis au meilleur mécanisme de culasse, les raisons pour lesquelles le premier prix n'avait pas pu être attribué ne semblaient pas s'appliquer dans ce cas et l'ordre du mérite fut le suivant :

 

1°) HENRY N° 2;

2°) BURTON N° 2;

3°) ALBINI & BRAENDLIN;

4°) BURTON N° 1.

 

Les autres sont passés sous silence. Le comité recommanda donc que le prix de 600 £ fût donné à MR. HENRY, son système étant jugé solide, sûr et simple, l'extracteur agissant avec une régularité remarquable, et l'arme pouvant être tirée facilement et rapidement, sans être affectée par une utilisation peu soigneuse. Le Fosbery et le Peabody en raison de leur imprécision, le Joslyn, le Martini et le Remington en raison de problèmes dus, particulièrement pour le Martini, aux cartouches, ne furent pas considérés comme satisfaisants.

 

En conclusion, le comité regrettait qu'aucune des armes qui leur avaient été soumises n'avait suffisamment de mérite pour la faire introduire en service, celle en service actuellement ( le Snider ) donnant satisfaction pendant les essais et se révélant être une arme efficace. C'était donc mal barré pour le système Martini, mais la compétition en elle-même était déjà considérée comme un échec avant de commencer, les conditions trop rigides disqualifiant quelques systèmes prometteurs, malgré la supériorité de certaines armes à chargement par la bouche en matière de précision, qui atteignaient déjà à l'époque ou même les dépassaient, les standards requis dans le cahier des charges. On décida donc à nouveau de consulter d'éminents armuriers et experts pour déterminer les critères de qualification d'une arme militaire, quel calibre, quel canon, quel type de rayure et quelle munition seraient compatibles avec ces critères, s'il y avait lieu de demander à une arme à chargement par la culasse le même degré d'excellence qu'une arme à chargement par la bouche, quelle serait la meilleure manière d'arriver à ces critères et quel devrait être le type de crosse, la description de la platine et la meilleure qualité de poudre adaptée à une telle arme.

 

On consulta Lt.-Gen. HAY, C.W. LANCASTER, Col. H. St.J. HALFORD, A. HENRY,  Maj. G.V. FOSBERY, W.M. DIXON, CoL. E.M. BOXER, J. KERR, J. RIGBY, J. WHITWORTH, WESTLEY RICHARDS, Capt. H. NOBLE, F.A. ABLE, W. METFORD, W.T. ELEY et le Field Marshal Commanding in Chief dont le nom n'est pas fourni. L'avis général fut que les critères principaux étaient la solidité, la légèreté, la sécurité, une flèche réduite, et la précision, la majorité préconisant un calibre de 0.45 pouces avec une balle pleine de 480 grains, une charge de 85 grains et une cartouche métallique à percussion centrale intégrée, le pas et le chambrage restant à débattre, mais on convint que la précision dépendrait du type de douille, des poids de balle et de poudre, et du pas, qui resteraient à déterminer avant de commencer les essais de précision. Surtout, la décision majeure qui ressortit des délibérations fut de séparer la question de la culasse de celle du canon. Le système de culasse serait déterminé par une compétition ouverte pour tous les systèmes déjà présentés ou à présenter; le canon serait choisi parmi ceux des meilleurs existant en rechargement par la bouche à savoir les Henry, Lancaster, Metford, Rigby, Westley-Richards, Witworth et Enfield. La longueur, le poids et le calibre du canon, le poids de la balle et celui de la charge furent arrêtés, on adopta la cartouche Boxer réglementaire, et le lubrifiant devrait être de la cire d'abeille pure, mieux adaptée aux variations climatiques et à l'entreposage. Pour les essais de canons, on préféra un système de culasse unique; le système Snider fut choisi à l'origine mais le Col. DIXON affirma que les délais d'attente pour la production d'une quantité suffisante au calibre de 0.45 pouces seraient trop importants, et on adopta la culasse Henry, puisqu'elle avait gagné un prix lors de la compétition comme meilleur système de culasse et qu'elle était disponible rapidement.

 

3e. APPEL D'OFFRES ( 09/03/1868 ) :

 

Les critères suivants furent demandés par courrier du 09/03/1868 aux fabricants de canon sélectionnés, soit  J. WHITWORTH, WESTLEY-RICHARDS, C.W. LANCASTER, W.E. METFORD, J. RIGBY et A. HENRY, par courrier du 10/03/1868 au Col. DIXON et par courrier du 23/03/1868 au Col. BOXER, soit :

 

-          CALIBRE :                                  0.45 pouces

-          LONGUEUR :                             35 pouces

-          POIDS MAX. :                           4 livres et 6 onces

-          DIAM. CULASSE :                   1,075 pouces

-          DIAM. BOUCHE :                     0,795 pouces

-          POIDS BALLE :                         480 grains

-          CHARGE POUDRE :  85 grains, ou charge équivalente comprimée donnant la même vitesse initiale.

 

Les canons devaient pouvoir être vissés sur le système Henry, et on demanda quand-même leur avis sur une réduction éventuelle du poids sans compromettre la sécurité. On proposa même de fournir des canons forés lisses, le pas restant ensuite à forer par l'armurier. METFORD déclina l'offre et WESTLEY RICHARDS, bien qu'acceptant de fournir les canons, déclara qu'il ne pouvait garantir de tirs précis avec des cartouches fabriquées comme ce qui était voulu, approuvé par le Col. BOXER, mais le comité s'en tint à ce qui avait été décidé, puisque trop de latitude donnée aux concurrents n'avait pas eu de résultats positifs dans les compétitions précédentes. Ceux qui répondirent sont Messieurs HENRY, LANCASTER, RIGBY, WESTELY RICHARDS, Col. DIXON et Col. BOXER.

 

* ESSAIS DES CANONS :

 

Les tirs s'effectuèrent sur machine fixe, le programme étant de 100 coups tirés à différentes distances soit 300, 500, puis 800 et 1 000 yards, en séries de 20 coups par cible à chaque fois, 2 canons tirant les 100 coups sans nettoyage, et 2 canons tirant avec nettoyage tous les 20 coups, en changeant les canons à chaque distance, avec tirs comparatifs simultanés des systèmes donnant les meilleurs résultats. Naturellement, et sinon nous n'étions plus en Angleterre, il y eut des exceptions, soit le cas de WESTLEY RICHARDS, qui n'acceptait de tester son canon qu'avec son propre mécanisme et sa propre cartouche, et deux fusils envoyés par le Col. DIXON en calibre 0.50, pour un pas Enfield sur une culasse Snider, lequel mettait en avant que ce calibre encrassait moins, les deux autres étant en 0,45 pouces. Les premiers canons arrivèrent à partir de la première semaine de Juin 1868 pour celui de MR. HENRY, et le dernier arriva à la fin du mois d'Octobre 1868 pour celui de MR. RIGBY. Le détail et les caractéristiques des différents canons se présente comme suit :

 

HENRY : Diamètre intérieur 0.45 pouces, pas de 1 tour en 22 pouces, uniforme,  9 rayures plates, cartouche de 3,76 pouces de long, poids 718 grains, balle de 0.45 de calibre, poids 480 grains, longue de 1,27 pouces, en plomb plein comprimé, légère cavité à la base, 12 parts de plomb pour 1 part d'étain, légèrement conique, tête conique, calepinée de papier trempé de cire à la base, sur 1 intercalaire de jute après la poudre, puis de cire d'abeille, puis un ou deux de jute et sertie en partie supérieure.

ENFIELD : Diamètre intérieur 0.50 pouces, pas de 1 tour en 28 pouces, uniforme, 5 rayures en segments, larges de 0.157 pouces en haut et à fond de rayure, profondeur progressive de 0.005 à 0.012 pouces, cartouche de 3,288 pouces de long, poids 670 grains, charge 85 grains de FGR, sertissant la balle dans sa dernière gorge de graissage, balle de 0.498 de calibre, poids 440 grains, longue de 1,21 pouces, en plomb pur comprimé, de forme cylindro-conique avec 5 gorges de graissage en forme de dents de scie remplies de cire, une profonde cavité à la base avec cône en terre cuite.

ENFIELD : Diamètre intérieur  0.45 pouces, pas de 1 tour en 20 pouces, uniforme, 6 rayures à segments, profondeur progressive de 0.015 à 0.004 pouces, cartouche de 4 pouces de long, poids 715 grains, sertissant la balle dans sa dernière gorge de graissage, intercalaire de cire d'abeille mélangée avec de la craie fine, entre la charge de poudre et la balle, balle de 0.449 de calibre, longue de 1,425 pouces, poids 480 grains, 12 parts de plomb pour 1 part d'étain, 8 gorges de graissage remplies de cire d'abeille, cavité à la base avec cône en terre cuite.

WESTLEY-RICHARDS : Diamètre intérieur 0.45 pouces, pas de 1 tour en 21 pouces, uniforme, 8 rayures polygonales, cartouche de 3,65 pouces de long, poids 730 grains, ne sertissant pas la balle, laquelle n'est séparée de la charge de poudre que par un intercalaire en cire d'abeille, balle de 0.44 à 0.45 au calibre, longue de 1,256 pouces, poids 485 grains, en plomb comprimé 95 parts de plomb pour 5 parts d'étain, diamètre dégressif de la base à la tête, calepinée papier et trempée dans de la cire à la base, plus rajout de 50 % de cire et 50 % de "WR  N° 8" ( Késako Perlinpinpin ? ).

LANCASTER N° 1 : Intérieur ovale de 0.466 pouces à 0.451 pouces, pas de 1 tour en 36 pouces au tonnerre,    1 tour en 20 pouces à la bouche, cartouche de 3,82 pouces de long, poids 720 grains, ne sertissant pas la balle, intercalaire de cire d'abeille entre la poudre et la balle, des essais ayant également été faits avec un intercalaire mélangeant de la cire et de la sciure, balle de 0.45 au calibre, longue de 1,315 pouces, poids 480 grains, 100 parts de plomb pour 5 parts d'étain et 5 parts d'antimoine ( ce qui fait 110 % ? ), six gorges de graissage arrondies, calepinée papier, pas de lubrifiant, de forme cylindrique avec tête ogivale.

LANCASTER N° 2 : Intérieur semi-oval de 0.460 à 0.450 pouces, pas identique au précédent, cartouche également, balle de 0.45 pouces au calibre, 1.276 pouces de long, poids 477 grains, à 4 gorges de graissage, une légère cavité à la base et identique autrement à la précédente.

WHITWORTH :  Diamètre intérieur 0.45 pouces, pas de 1 tour en 20 pouces, uniforme, rayures hexagonales, cartouche de 3,86 pouces de long, poids 722 grains, ne sertissant pas la balle, intercalaire de lubrification entre la charge et la balle, soit un mélange de cire et d'une petite part de "mixture Price" ( ? ), balle de 0.443 au calibre, longue de 1,42 pouces, poids 480 grains, en plomb pur comprimé, de forme cylindro-conique, légère cavité à la base et à la pointe, avec un petit bouchon de bois à la pointe, et calepinée papier sec.

RIGBY : Diamètre intérieur 0.451 pouces, pas de 1 tour en 20 pouces, uniforme, 8 rayures de profondeur 0.005 pouce égale du tonnerre à la bouche et aux bords arrondis, pas de détails précis sur la cartouche sauf que la balle était entourée d'un calepin en papier fin sur deux tours, son calibre était de 0.448 pouces à la base et 0.440 pouces à 0.75 pouces de la base, longueur 1,25 pouces, poids 480 grains, de forme cylindro-conique, à base plate, et en plomb durci.

 

Les premiers essais eurent lieu le 23/06/1868 à 500 yards au lieu de 300 yards d'abord comme l'aurait voulu la logique mais British oblige, avec des canons Henry tirant à côté de Sniders en 0.50 pouces, puisqu'ils étaient disponibles, la poudre tirée fut de la noire bien sûr, marque Curtiss & Harvey N° 6, charge de 85 grains en général sauf dans les Enfield-Snider. On note également que l'étui de la cartouche spéciale en cuivre étiré de MR. WESTLEY RICHARDS fut apprécié à sa juste valeur tout en n'étant pas considéré l'égal à celui de la Boxer, laquelle était un composite avec du solide, du papier mâché et du clinquant comme chacun le sait. Les mesures de trajectoires furent d'abord effectuées avec un clinomètre, puis on s'aperçut qu'elles étaient plus fiables en tirant de l'épaule, deux groupement de 5 coups étant faits avec le Henry en 0.45 et avec le Snider en 0.50 à 500, puis à 400, puis à 300, puis à 200 et enfin à 100 yards, organes de visée réglés à 500 yards et même visée à chaque fois, l'ensemble faisant l'objet d'un relevé qui servit d'abaque…

 

Les chiffres suivants sont des moyennes sur 5 cibles de 20 coups tirés à chaque fois par cible, deux canons étant nettoyés entre les cibles et les deux autres non, soit dans l'ordre nettoyé, pas nettoyé, nettoyé, pas nettoyé, le dernier chiffre étant l'élévation moyenne .

 

-          DISPERSION A 300 YARDS :

 

1°) ENFIELD :                                      0,62 pied - 0,51 pied - 0,61 pied - 0,61 pied / 0°35'42"

2°) HENRY :                                         0,62 pied - 0,47 pied - 0,68 pied - 0,63 pied / 0°38'03"

3°) LANCASTER :                              Mauvais résultats à 500 yards; non tiré à cette distance

4°) RIGBY :                                           Mauvais résultats à 500 yards; non tiré à cette distance

5°) WESTLEY RICHARDS :              Mauvais résultats à 500 yards; non tiré à cette distance

6°) WHITWORTH :                            0,52 pied - 0,64 pied - 0,63 pied - 0,62 pied / 0°40'10"

7°) SNIDER 0.50 :                0,59 pied - 0,59 pied - pas d'autres tirs / 0°30'28"

 

-          DISPERSION A 500 YARDS :

 

1°) ENFIELD :                                      1,27 pied - 1,20 pied - 1,03 pied - 1,11 pied / 1°08'25"

2°) HENRY :                                         1,06 pied - 1,07 pied - 0,90 pied - 1,06 pied / 1°08'42"

3°) LANCASTER :                              1,08 pied - pas d'autres tirs sur ce canon / 1°19'20"

4°) RIGBY :                                           2,34 pied  - pas d'autres tirs / 1°17'00"

5°) WESTELY RICHARDS :              1,39 pied - 1,30 pied - pas d'autres tirs / 1°17'41"

6°) WHITWORTH :                            1,07 pied - 1,51 pied - 1,09 pied - 1,30 pied / 1°12'03"

7°) SNIDER 0.50 :                1,02 pied - 1,13 pied - 1,16 pied - 1,11 pied / 1°05'17"

 

-          DISPERSION A 800 YARDS :

 

1°) ENFIELD :                                      2,47 pied - 2,08 pied - 2,94 pied - 2,42 pied / 2°02'23"

2°) HENRY :                                         2,39 pied - 1,85 pied - 2,30 pied - 2,35 pied / 2°03'57"

3°) LANCASTER :                              Pas de  tir - 2,14 pied - pas d'autres tirs / 2°15'57"

4°) RIGBY :                                           Aucun tir effectué, résultats trop mauvais à 500 yards

5°) WESTLEY RICHARDS :              Aucun tir effectué, résultats trop mauvais à 500 yards

6°) WHITWORTH :                            2,91 pied - 3,11 pied - 4,48 pied - 2,94 pied / 2°04'36"

7°) SNIDER 0.50 :                3,01 pied - 2,46 pied - pas d'autres tirs / 2°13'40"

 

-          DISPERSION A 1 000 YARDS :

 

1°) ENFIELD :                                      3,93 pied - 3,55 pied - 4,74 pied - 4,15 pied / 2°46'21"

2°) HENRY :                                         2,65 pied - 3,33 pied - 2,59 pied - 3,12 pied / 2°47'04"

3°) LANCASTER :                              Pas de tir - 4,65 pied - pas d'autres tirs / 3°05'00"

4°) SNIDER :                                        3,96 pied - 4,90 pied - pas d'autres tirs / 3°23'19"

 

 

En comparaison avec les autres, le canon Henry leur était supérieur à toutes les distances sauf 300 yards, où ils étaient tous égaux à l'exception du calibre 0.50 pouce qui semblait légèrement supérieur, le calibre 0.45 avait une trajectoire plus plate dans le Henry que les calibres 0.50, ce qui fut confirmé par les mesures de vitesses, l'encrassement supposé du calibre 0.45 ne fut pas rencontré avec le canon Henry, pour lequel un tir de 100 cartouches sans nettoyage ne mit pas de détérioration en évidence, des tests additionnels de séries de 20 coups en tir rapide révélant d'ailleurs une amélioration des résultats plutôt qu'une détérioration, et il fut décidé qu'à tous les égards, le canon Henry était le meilleur en calibre 0.45, dont la cartouche utilisant l'étui Boxer avait pourtant une balle et un intercalaire de conception propre, qui donnait un tir précis, n'encrassait, pas, était simple de forme et dont la balle possédait un grand pouvoir de pénétration. Le rapport du comité sur les essais de canons date du 11/02/1969, et on relève dans les chiffres donnés que ce ne furent pas moins de 2 080 coups qui avaient été tirés dans un même canon lors des essais, et jusqu'à 30 000 coups dans un autre sans trace d'usure notoire ( même le plus petit de ces deux chiffres est du rêve pur et simple pour plusieurs de nos répliques actuelles ).

 

* ESSAIS DES CULASSES :

 

Après réflexion sur le modus operandi, la comité décida que ces essais commenceraient, après passage d'un examen minutieux de chaque système, par une série d'au moins 20 coups en tir rapide pour tester la facilité de manipulation, puis du sable serait jeté sur le mécanisme, culasse fermée et culasse ouverte, les tirs étant suite effectués sans autre nettoyage qu'un passage avec la main pour reproduire les conditions existant sur le territoire d'opérations en Inde, puis un tir de 3 cartouches endommagées à dessein pour provoquer un échappement de gaz, serait fait pour tester la résistance de l'arme aux cartouches imparfaites, les armes réussissant à passer ces essais avec succès devant ensuite être tirées de manière continue en laissant l'oxydation se former entre les jours de tirs, afin de reproduire les agressions susceptibles d'être rencontrées lors d'un usage en conditions difficiles et mettre toute faiblesse en évidence.

 

Les armes retenues pour ces tests furent les 9 de la compétition de fin 1867, à savoir celles de Messieurs ALBINI & BRAENDLIN, BURTON fusil N° 1 et fusil N° 2, FOSBERY, HENRY fusil N° 2, JOSLYN, MARTINI, PEABODY et REMINGTON, plus les 11 qui avaient été écartées à l'époque aux fins d'examens ultérieurs soit celles de Messieurs, BERDAN, CARTER & EDWARDS fusil N° 3, FOSBERY fusil N° 4, GREVE  & DOWLING fusil N° 4, HAMMOND, NEEDHAM fusil N° 1, POULTNEY, WESTLEY RICHARDS fusil
N° 3B et fusil N° 11 ( un monsieur persévérant et prolifique ), SHARP et WILSON. Le dernier délai accordé aux candidats fut le 26/10/1868, et la liste des autres systèmes également retenus s'élève à 45 armes où on retrouve, entre autres, des grands ou des gens déjà connus comme :

 

Messieurs ADAMS, BACON, BERDAN ( 3 armes dont un modèle à ressort "escargot" comme dans un vieux réveil, un modèle à platine latérale, et un modèle à verrou ), un système BRAENDLIN-SNIDER, celui de MR. CHASSEPOT ( Eh oui, c'est notre 66 ! ), un modèle FOSBERY en 0.50 "amélioré" et un modèle en 0.45 à bloc tombant, un fusil KERR, deux autres modèles PEABODY, l'un adapté à une cartouche avec une charge comprimée et l'autre avec un levier d'armement en haut au lieu d'en bas, une combinaison PEABODY et GIELGUD et une autre PEABODY avec GIELGUD et WESSLEY, le DREYSE Prussien ( c'est normal ! ), une association REILLY avec COMBLAIN, une conversion du modèle Russe à aiguille, deux modèles RUSS & HAMMOND, l'un pour une cartouche métallique et l'autre pour une cartouche papier, MR. STOAKES présente un fusil en 0.577 et un autre en 0.45 pouce, un modèle TRANTER, un modèle WANZEL et un modèle WERNDL dont on ne sait pas s'il s'agit des modèles réglementaires ou pas, un modèle WITNEY, un WYLEY en 0.577 un autre en 0.45 et bien sûr MR. WESTLEY RICHARDS qui, dans la persévérance qui le caractérise, ne propose pas moins de 4 autres modèles, le premier tirant une cartouche papier, l'autre possédant un levier d'armement  auxiliaire, le troisième un bloc tombant pour une cartouche métallique, et enfin un quatrième avec un bloc "remontant " pour cartouche métallique.

 

Sur cette dernière liste, 40 modèles furent éliminés pour une raison ou une autre, soit la cartouche endommagée laissait trop de gaz s'échapper par l'arrière, soit l'extracteur ne prenait pas assez sur le bourrelet, soit les poinçons d'épreuve n'avaient pas été apposés, soit le système était trop compliqué, soit il ne satisfaisait pas aux tests de résistance, on note quand-même que le Chassepot, également refusé, présente trop de long-feux, trop d'encrassement, la rondelle obturatrice en caoutchouc reste trop souvent coïnçée dedans ou sur l'aiguille, le Dreyse Prussien se révèle inférieur à beaucoup d'autres systèmes examinés en raison de sa lenteur de tir, avec tous les inconvénients de la cartouche papier et une culasse qui souffle trop, le Tranter et le Werndl, entre autres, ne fonctionnent plus après le test du sable, et une tendance à une mauvaise extraction est trouvée sur le Wanzel.

 

 

 

SYSTEMES RETENUS POUR LA SELECTION :

 

·         BACON : Tire la cartouche Boxer, culasse à verrou, percussion interne avec armement  par un ressort à boudin, extraction et éjection par manœuvre pivotante de la culasse en arrière;

·         BERDAN : Tire la cartouche à percussion centrale en cuivre étiré, culasse basculante vers l'avant, chien extérieur, c'est le fameux système que l'on connaît et qui fit l'objet du long procès contre le système dit "Trapdoor" adopté par la firme de Springfield;

·         CARTER & EDWARDS : Tire la cartouche Boxer, culasse coulissante avec un levier courbé vers le bas, chien intérieur, possède une sûreté;

·         HENRY : Tire la cartouche Boxer, la culasse s'actionne verticalement, sous l'action d'un levier s'enclenchant sous le pontet, chien extérieur;

·         KERR : Tire la cartouche Boxer, culasse coulissante à levier, chien extérieur, extraction par manœuvre de la culasse mais éjection par un mouvement de l'arme latéral par le tireur;

·         MARTINI : Tire la cartouche Boxer, culasse à bloc pivotant verticalement, percussion interne avec ressort à boudin, manœuvre par un levier situé derrière le pontet;

·         MONEY-WALKER : Tire la cartouche métallique à percussion centrale, culasse à bloc pivotant dont la partie arrière sert de levier;

·         WESTLEY-RICHARDS N° 1: Tire la cartouche métallique à percussion métallique, culasse à bloc pivotant manœuvré par un levier sous le pontet;

·         WESTLEY-RICHARDS N° 2 : Tire la cartouche métallique à percussion centrale, culasse en deux parties articulées pivotantes dont l'arrière forme le levier, arme retirée des épreuves par le constructeur;

·         WILSON : Tire la cartouche Boxer, culasse à verrou manœuvré par la paume de la main, percussion interne avec ressort à boudin.

 

On divisa ces systèmes en deux groupes, le premier pour les verrous ( bolt-action ), qui faisaient l'objet de préjugés défavorables en raison de problèmes de percussion prématurée avant le verrouillage complet, malgré des arguments favorables comme une facilité de manipulation et de fabrication, en plus de l'adoption des armées Française et Prussienne, et l'autre groupe pour les blocs, tombants, basculants ou pivotants soit, d'un côté respectivement les systèmes Bacon, Carter & Edwards, Kerr et Wilson, et de l'autre les systèmes Berdan, Henry, Martini, Money-Walker et les deux Westley-Richards, plusieurs étant retenus non pas pour leur supériorité mais surtout parce qu'on voulait les comparer avec les systèmes Henry et Martini qui avaient déjà attiré l'attention favorable lors des autres essais, ce qui en dit long sur l'équité des chances données à chacun. Le fonctionnement de quelques-uns uns de ces systèmes dépendant de la forme et de la longueur de la cartouche et puisque les essais de canons n'étaient pas terminés pour déterminer définitivement le calibre, le type de cartouche et le type de charge de poudre, comprimée ou non, le comité laissa la liberté aux inventeurs de présenter des armes en 0.50 et en 0.45 pouce, préférence étant donnée à celles qui tiraient la cartouche Boxer puisque celle-ci était utilisée pour les essais de canons, ce qui fit que le Berdan et le Martini durent être modifiés, alors que le Westley-Richards qui tirait une cartouche de conception propre, et le Money-Walker qui tirait la cartouche Daw, furent autorisés à participer en l'état.

 

TESTS SUPPLEMENTAIRES SUR LES SYSTEMES A VERROU

 

On fit subir à ces armes des tests supplémentaires avec des cartouches rendues "sensibles" en représentant des défauts de fabrication ou autres, ou ce qui aurait pu survenir sur le champ de bataille en cas de tir rapide soutenu et sous "stress", mais chargées avec de la cendre à la place de la poudre, les circonstances motivant ce test n'étant pas attendues lors des manipulations des systèmes à blocs. Sur le Bacon, l'amorce percuta avant d'être chambrée lors de la manœuvre brutale et forcée du verrou, sur le Carter & Edwards, il n 'y eut pas d'incidents, sur le Kerr, l'amorce partit à deux reprises avant d'être chambrée, avec à chaque fois un type d'amorçage différent, et sur le Wilson, il n'y eut pas de départ sur les 3 coups tirés mais l'amorce était marquée.

 

En conséquence, en raison des 2 incidents jugés dangereux sur les systèmes à verrou et bien que les tests d'endurance eussent quand même été conduits sur les armes à verrou, le comité décida de les rejeter toutes et sans appel, tout en accordant des mérites aux systèmes Carter & Edwards et Kerr.

 

TESTS GENERAUX  SUR TOUS LES SYSTEMES :

 

1°) RAPIDITE : Tir de 21 coups à partir de l'épaule, cartouches placées sur une table, le temps compté entre les 20 coups étant l'intervalle qui sépare le premier du dernier :

 

 

BACON :                                             Cal. 0.45, tiré par le Lieutenant BACON, 20 coups en 1'00";

BACON :                                             Cal. 0.45, tiré par le Lieutenant BACON, 20 coups en 0'58";

BERDAN :                                           Cal. 0.45, tiré par le Sergent BOTT, Royal Marines, 20 coups en 1'10";

CARTER & EDWARDS : Cal. 0.50, tiré par le Sergent BOTT, 20 coups en 0'51";

HENRY :                                              Cal. 0.45, tiré par le Sergent WARD, Royal Artillery, 20 coups en 1'17";

HENRY :                                              Cal. 0.45, tiré par le Soldat CROFTS, Royal Marines, 20 coups en 1'07";

KERR :                                                 Cal. 0.45, tiré par MR. KERR, 20 coups en 1'15";

MARTINI :                                          Cal. 0.433, tiré par le Sergent BOTT, Royal Marines, 20 coups en 1'02";

MONEY-WALKER :                          Cal. 0.50, tiré par MR. WALKER, 20 coups en 1'14";

MONEY-WALKER :                          Cal. 0,50 Daw, tiré par le Sergent BOTT, 20 coups en 1'23"; 

WESTLEY-RICHARDS :  Cal. 0.45 bloc tombant, tiré par le contremaître, 20 cps en 1'07";

WESTLEY-RICHARDS :  Cal. 0.45 bloc montant, tiré par le contremaître, 20 cps en 1'00";

WILSON :                                           Cal. 0.50, tiré par MR. WILSON, 20 coups en 1'26".

 

2°) COMPORTEMENT :

 

·         TEST DES CARTOUCHES DEFECTUEUSES : Les cartouches furent limées à leur base et sur les côtés pour provoquer leur éclatement au départ du coup et un échappement de gaz induit. On tira trois coups avec à chaque fois la cartouche positionnée différemment. L'extracteur du système Bacon s'envola, mais aucun des autres systèmes ne fut affecté.

·         TEST DU SABLE : On jeta du sable fin sur le mécanisme, une fois culasse fermée et une fois ouverte, simplement essuyée avant le tir. Tous les systèmes passèrent ce test de manière satisfaisante.

·         TEST DE RESISTANCE : On tira d'abord 100 coups avec chaque système sur une période de 4 jours, et les fusils furent laissés exposés à la pluie, ou à de l'eau jetée dessus à dessein à intervalles réguliers, les mécanismes étant laissés alternativement ouverts. Ensuite, les fusils non nettoyés furent laissés en l'état pendant 3 à 4 jours, puis tirés à nouveau, avant d'être démontés et examinés. Le Bacon ne subit pas ce test parce qu'une cartouche, en bon état apparent, explosa prématurément lors du chambrage par le Sergent WARD, Royal Artillery, faisant éclater le système de culasse et blessant légèrement le militaire à la face et aux mains. Des difficultés surgirent sur le Berdan pour la fermeture et l'ouverture de la culasse, et de la rouille fut trouvée à l'intérieur au démontage, la pièce maîtresse du système qui était l'articulation se révélant la plus sujette à un mauvais fonctionnement dans des conditions difficiles. Avec le Henry, des problèmes furent rencontrés sur le ressort du percuteur qui cassa, et celui de l'extracteur se brisa. Une usure prématurée fut décelée sur le Kerr, de la rouille fut trouvée à l'intérieur du mécanisme et le maître-ressort cassa. Le Martini connut des difficultés de chambrage et d'extraction que l'on attribua exclusivement aux cartouches puisqu'elles disparurent après changement du lot, et le système fonctionna parfaitement, aucune trace de rouille n'étant trouvée à l'intérieur après démontage. Le système du Money-Walker, déjà délicat à manœuvrer en temps normal, s'enraya à l'usage et de la rouille fut trouvée à l'intérieur. Sur le système Westley-Richards à bloc montant, on éprouva des difficultés lors de l'ouverture dès les 100 premiers coups et de la rouille fut trouvée à l'intérieur lors du démontage; MR. WESTLEY-RICHARDS demanda à ce que l'on remplaçât l'arme par une autre, qui fit également preuve de problèmes à l'ouverture et présenta aussi de la rouille à l'intérieur, l'inventeur arguant qu'une lubrification de l'ensemble avec une meilleure huile de sa fabrication résoudrait les problèmes. Sur son système à bloc tombant, on connut des problèmes de cartouches dès les 50 premiers coups et les essais de résistance à la rouille furent continués sans tirs, mais de la rouille fut trouvée à l'intérieur après le démontage. Des difficultés furent rencontrées à l'ouverture sur le Wilson dès le premier jour des tirs, et l'arme éclata à la figure de MR. Earl SPENCER après le tir de 60 cartouches et une nuit d'exposition ( et boum ! ), l'accident étant attribué à une mauvaise fermeture de la culasse suite à une absence de fonctionnement du mécanisme de sécurité.

 

 

Après élimination du Bacon et du Wilson pour cause de bris, on rejeta les systèmes Berdan, Carter & Edwards, Kerr, Money-Walker et Westley-Richards à bloc montant, gardant le Henry, le Martini et le Westely-Richards à bloc tombant, et préférence fut donnée au Henry et au Martini puisque le deuxième système Westley-Richards avait montré quelques faiblesses, l'argument donné par l'inventeur pour l'utilisation d'une huile différente n'étant pas retenu parce que les autres armes n'en avaient pas eu besoin, et le comité refusa de revenir sur sa décision malgré les propositions de remplacement des modèles Carter & Edwards, Kerr, Westely-Richards et Wilson par leurs inventeurs. Considération faite sur tous les essais, le Martini fut préféré en raison de sa meilleure résistance; on procéda ensuite à des essais de cartouches à poudre non comprimée qui, plus longues, durent faire l'objet d'une transformation avec l'accord de l'inventeur en Suisse.

 

L'arme, réceptionnée le 21/10/1868, fut plus lourde, mais le constructeur affirma que ce défaut pouvait être corrigé; on recommença donc les essais de tir rapide et de fatigue, où 20 coups furent tirés en 53 secondes par le Sergent BOTT, Royal Marines, puis 20 coups en 1 minute et 3 secondes par le Capitaine MCKINNON après exposition à la pluie et à un arrosage pendant sept jours et sept nuits, où 400 coups furent tirés, et le mécanisme fonctionna aussi bien après le test de fatigue artificielle qu'il l'avait fait avant, sans jamais montrer de problème d'extraction, aucune trace de rouille n'étant trouvée à l'intérieur après le démontage. Mais l'histoire n'est pas encore finie car, refusant de faire les choses à moitié et pour parfaire la recherche de la petite bête en voulant être bien sûr que son choix serait le meilleur, le comité décideur commanda au Superintendant de la Royal Small Arms Factory ( le directeur de l'arsenal royal, quoi ), de fabriquer une culasse de ce système sous la direction de MR. MARTINI et dans les conditions avoisinant le plus celles de la fabrication en série, pour déterminer si elle était utilisable dans les mêmes conditions. Pendant ce temps, MR. HENRY qui ne démordait pas, proposa deux modèles améliorés de son système de culasse, le premier supprimant le problème du bourrelet qui passait devant la griffe d'extracteur, et le deuxième qui supprimait le problème de l'enclouage retardant l'extraction, et le comité, très "sport", lui donna sa chance au grand dam de MR. WESTLEY-RICHARDS, pour mettre ce système en compétition en conditions similaires avec le Martini, alors en construction à l'arsenal d'ENFIELD; on proposa à MR. HENRY de faire fabriquer son système à ENFIELD comme l'autre, mais il préféra le fabriquer lui-même.

 

COMPARAISON DES SYSTEMES HENRY ET MARTINI :

 

Une fois réceptionnées, les deux nouvelles armes furent à nouveau examinées, le Martini fut cette fois jugé conforme car identique aux plans de l'inventeur au regard du poids, et le Henry comportait une légère transformation pour assurer le retour en arrière du percuteur après le départ du coup; de nouveaux  test de tir de longue durée et de résistance furent conduits, donnant satisfaction, et le choix du comité dut maintenant être dirigé sur la sécurité, la solidité, le nombre de pièces et leur simplicité, ainsi que la facilité de manipulation et le coût de fabrication. Les deux armes semblaient sûres contre tout accident, leur bois se composait de deux parties toutes les deux, le comité estima que cette disposition était solide et meilleur marché à la fabrication, le nombre de composants donnait l'avantage au Martini, soit 30 en tout contre 49 pour le Henry, qui présentait en outre le désavantage d'un extracteur soudé au canon, toutes les deux furent jugées excellentes au regard de la manipulation, mais l'absence de chien rendait le Martini légèrement supérieur et la cartouche pouvait toujours être chambrée à l'avant de l'extracteur sur le Henry, l'avantage était au Martini pour ce qui est du coût de fabrication, et la patine latérale dont était équipée le système Henry s'étant révélée, avec l'expérience et l'histoire, susceptible de poser des problèmes en cas de gonflement du bois par l'humidité, alors que le système Martini se trouvait dans une carcasse entièrement métallique, la préférence fut donc donnée au Martini, le comité le recommandant comme l'arme la mieux qualifiée pour un usage militaire, en comparaison de tout ce qui lui avait été proposé.

 

COMPARAISON DES SYSTEMES MARTINI ET SNIDER :

 

Comme c'eût été trop simple et trop facile d'en rester là et comme le Snider était le critère de référence standard pour la sélection du nouveau système à adopter, on lui compara donc ensuite le Martini de la même manière que ce qui avait été fait avec le Henry. Le Martini fut jugé supérieur au Snider en matière de sécurité, celui-ci pouvant s'ouvrir au départ du coup en cas de cartouche défectueuse, et le Snider à culasse améliorée n'étant pas considéré meilleur que le Martini, la construction en deux parties, crosse et fût, du Martini était plus solide aux yeux du comité qu'un seul et unique fût sur lequel la découpe pour l'insertion d'une platine latérale comme sur le Henry ou le Snider créait un point faible, la solidité du mécanisme fut également jugée supérieure sur le Martini, de même que le nombre de pièces le composant puisque le Snider "normal" en avait 39 et le modèle amélioré 43, le nombre de composants du Martini étant d'ailleurs encore réduit ultérieurement à 27, l'avantage était toujours au Martini pour la manipulation, au chargement plus facile, à l'extraction plus simple que sur le Snider où il fallait deux mouvements à l'extraction puisqu'il était nécessaire de renverser l'arme pour faire tomber la douille vide alors que le Martini l'éjectait, enfin on estima que la construction du fusil Martini reviendrait meilleur marché que celle du Snider au regard du nombre de pièces ainsi que du bois en deux parties et, là  encore, le système Martini fut recommandé par le comité.

 

LE FUSIL MARTINI-HENRY

 

Après avoir enfin trouvé que le système de culasse Martini et le canon Henry étaient ce qui lui allait le mieux parmi tout ce qui lui avait été proposé, le comité décida de les combiner pour déterminer si les mêmes résultats étaient obtenus que lors des essais, particulièrement en matière de précision. On commanda donc 4 armes complètes à l'arsenal d'ENFIELD, les culasses à fabriquer sous le contrôle de MR. MARTINI et les canons sous celui de MR. HENRY, lequel les fora et les raya par ses propres soins.

Les canons Henry utilisés lors des essais avaient 9 rayures, mais l'inventeur annonça que les performances étaient équivalentes, sinon meilleures en matière de précision, sur son canon à 7 rayures tout en présentant des avantages de coûts de fabrication, on choisit donc deux canons à 9 rayures et deux à 7. On fixa également des organes de visée de type "Whitworth", jugés meilleurs que ceux qui équipaient le Snider, et l'arme N° 4 était munie d'un indicateur d'armement placé sur le côté extérieur droit de la culasse. Les premiers de ces nouveaux essais de tir s'effectuèrent au début du mois de Janvier 1869, Messieurs MARTINI et HENRY examinèrent chacun les armes qui leur étaient présentées et se déclarèrent satisfaits, MR. HENRY seulement après avoir rectifié une petite erreur sur l'alésage de la chambre. On tira depuis des machines à tirer fixes, à des distances de 300, puis 500, puis 800, puis 1 000 yards pour les tests de précision, les calculs de trajectoire furent faits de la même manière que précédemment, et on s'aperçut que le canon à 7 rayures donnait de meilleurs résultats en matière de flèche, à précision égale pour les deux types de rayures, mais préférence fut donnée au canon à 7 rayures à cause des avantages en matière de fabrication. On essaya également des balles de 380 grains au lieu de 480 grains, au détriment de la précision et de la pénétration, ce qui fit qu'on ne les recommanda pas et que l'on revint aux balles de 480 grains. Plus de 3 000 coups furent tirés avec le fusil N° 1 sans le moindre problème du début à la fin, les diverses pièces étant examinées et mesurées au gabarit après 2 100 coups pour rechercher les traces d'usure, sans révéler la moindre altération. Dans les cas où la cartouche ou bien l'amorçe éclatait, on constata que l'encrassement pénétrait à l'intérieur du mécanisme, mais MR. F.A. ABEL, chimiste au War Office, prouva par lettre du 04/02/1869 que l'encrassement de la poudre noire, du fait de sa nature alcaline très élevée qui le rapprochait des traitements de surface du métal contre l'oxydation, était en fait une protection contre la rouille tant qu'il était sec ( ce qui confirme ce que j'ai toujours dit à tous ces gens qui prétendent depuis si longtemps que la poudre noire est corrosive en l'état ). Le seul défaut du système d'arme était l'indicateur d'armement, dont le ressort cassa. MR. MARTINI substitua cet indicateur sur le fusil N° 4 par un autre qui économisait 3 pièces et qui ne pouvait plus tomber en panne. L'arme surpassa dans tous les domaines les critères du cahier des charges du 22/10/1866, et elle était meilleure que le Snider en précision, en flèche, en pénétration, en solidité du canon, en simplicité et en rapidité de manipulation, le recul semblant égal à celui du fusil Enfield à chargement par la bouche. On découvre que ce fut donc une arme complètement nouvelle qui fut créée par rapport à ce qui existait à l'époque dans les modèles réglementaires, plus moderne et combinant tout ce qui avait été trouvé de meilleur au cours de sélections minutieuses.

 

En conclusion et dans son rapport du 11/02/1869, le comité demanda à ce que le Secretary of State veillât à ce qu'il ne soit pas apporté de modifications à l'appel d'offres du 22/10/1866 à son paragraphe V, qui disposait que le nom de l'inventeur serait donné à l'arme retenue, et qu'en conséquence elle fût appelée "Martini-Henry"; c'est donc ainsi que, de toute cette salade et au bout d'une longue gestation, après une première tentative de tests sur des armes à système entières à la fin de 1865, suivie d'une deuxième qui dura de la fin 1867 au début de l'année 1868 et restée tout aussi vaine que la première, puis d'une troisième de 1868 à 1869 sur des systèmes séparés, jamais deux sans trois, que naquit, deux ans plus tard et du mariage de Monsieur le canon HENRY avec Madame la culasse MARTINI, ce divin enfant qui fait tant le plaisir de certains de ses heureux possesseurs aujourd'hui.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DEMONTAGE ET REMONTAGE DU MARTINI-HENRY

 

Après avoir lu des conneries signées par Jean DECAMME dans un Gazette des Armes de 1995, quelques-uns unes de plus, toujours du même type, il faut absolument remettre les choses à leur place. L'article qu'il a pondu sur le fusil Martini-Henry en .577/.450 est truffé d'inepties, entre autres chargements plus que fantaisistes, l'histoire du calepin en papier qui enveloppe la balle sur la cartouche dans le mauvais sens, alors que les canons rayés à droite avec des rayures profondes tiraient des balles calepinées qui se déroulaient dans le même sens, et une cartouche qu'il appelle "Boxer-Henry" ( c’est peut-être pas faux puisqu’elle se tirait déjà dans les dernières versions du fusil Snider mais, venant de lui, ça sent l’invention perso ) ce monsieur est quand-même arrivé à voir dans quel sens tourne le pas des rayures. Surtout, son explication pour le démontage et le remontage se rapproche du javanais le plus pur. Passons pour la démonstration de son illustre savoir avec l’histoire de la cartouche mais, pour le démontage et le remontage, il faut tout reprendre à zéro pour éviter de casser quelque chose et le dire plus simplement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DEMONTAGE :

 

Vérifier d'abord que l'arme est vide. Tout à fait en haut et à l'arrière du boîtier, dans la "bosse", se trouve un axe horizontal, sur lequel la culasse, avec dedans son percuteur, pivote de haut en bas. L'une des extrémités de cet axe est fendue; on dirait une vis. Ce n'est pas une vis ! En tous cas pas sur les deux exemplaires de ces armes que je possède. C'est un axe fendu sur les 3/4 de sa longueur pour lui donner un effet de ressort. L’arme désapprovisionnée, appuyer sur la détente pour tirer « à sec ».

 


Chasser cet axe, pas avec un vulgaire clou comme le dit cet hérétique de DECAMME, cet âne qui croit tout savoir mais qui ne fait qu'inventer, mais avec un chasse-goupille ou une tige de bronze du même diamètre. Mais Nom de Dieu, respectez-donc un peu les armes, spécialement quand il s'agit de survivantes !

 

En actionnant le levier d'armement vers le bas, la culasse saute. La retirer. On peut démonter les autres axes avant si on préfère tout recevoir dans les mains en même temps.

 

Visible sur le côté droit normalement, l'indicateur d'armement est également un axe. Le chasser lui aussi, de gauche à droite et toujours avec un chasse-goupille ou une tige de métal tendre qui ne risque pas de laisser des traces sur le boîtier de culasse et son bronzage, comme le ferait le clou de Mr. DECAMME.

 

Enlever la vis à l'avant en bas qui fait fonction d'axe, qui maintient l'ensemble "pontet + mécanisme de détente" et qui inclut l'extracteur.

 

Tout vient en vrac. Ca y est, tout est tombé; pas besoin d'aller plus loin. On peut nettoyer...

 

REMONTAGE :

 

Ré-assembler le bloc "pontet + mécanisme de détente", en n'oubliant pas de poser l'extracteur au milieu, avec le levier de sous-garde. Mettre l'ensemble en place. Remettre l'axe vis en place à l'avant, le resserrer.

 

Replacer la noix dans son logement entre les deux branches du levier d'armement. La partie arrondie vient vers le haut, le bec en bas, face à la gâchette. Engager l'axe qui fait fonction d'indicateur d'armement. S'il le faut, l'aider avec un maillet pour le finir. Ca vient tout seul, sinon rien, ou alors on joue un peu avec l'alignement de la pointe indicatrice.

 

Tout en pressant la queue de détente, remettre la culasse en place, en veillant à ce que les deux gorges viennent prendre sur les deux bras du levier d'armement ou levier de sous garde.

 

Remettre l'axe du haut en place, en le poussant dans son orifice.

 

C'est tout; c'est prêt à tirer. On vérifie que le mécanise fonctionne bien et on remonte le tout sur le fût... Rien de plus simple.

 

Quant aux cartouches qu'il tire, ce con, laisse-tomber ( un Arquebusier, çà ? ). Représentés par des gens de cette sorte, ce n'est pas étonnant que ceux qui utilisent de la poudre noire dans leurs armes soient considérés comme des rigolos par les autres ! La balle LYNX, ou autre marque, en .443, les LYMAN 457124 ou 457125, ou même au pire la LEE 459405, vont très bien comme çà, avec ou sans calepin, et la PNF2, tout le monde sait que c'est de la vraie merde, quand existe la PNF1 qui encrasse beaucoup moins; et en plus, on met une rondelle de cire entre la balle et la poudre, ça aide pour les coups suivants.

 

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