COLT DRAGOON et « SIFFLEURS BLEUS »

Les armes des Texas Rangers de TERRY

Traduction d’un article de W. AUSTERMAN paru dans D.G.W. Blackpowder Annual 1988

 

En 1905, l’Etat du Texas demanda à un sculpteur Italien expatrié, Pompeo COPPINI, de créer le monument qu’il fallait pour la gloire de l’unes des plus illustres organisations militaires de l’histoire martiale, pourtant déjà fertile, du Commonwealth. Beaucoup de Texans autochtones et d’anciens vétérans étaient sceptiques sur la capacité d’un étranger à capturer et à faire exprimer à la fois l’esprit et l’authenticité d’un soldat Texan. Plus tard, les sceptiques, tout comme les admirateurs loyaux de COPPINI, furent enchantés lorsque la statue gigantesque en bronze brillant fut dévoilée près du Capitole à Austin. Un grand étalon dressé contre ses mors, son cavalier debout en équilibre dans sa selle, les bottes enfoncées dans de larges étriers mexicains. Le cavalier porte une courte cape sur les épaules, et un chapeau à large bords fait de l’ombre à ses yeux en le protégeant contre la flamme féroce du soleil Texan. Sa main gauche maintient les rennes et sa droite brandit une carabine Sharps parfaitement reproduite, il est fixé pour l’éternité pour défendre le Texas et la Confédération.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un tableau d’un autre Italien, Don TROIANI, daté de 1886, reprend pratiquement le même sujet, où un cavalier du 8th. Texas Cavalry de 1862 est représenté dressé sur sa selle, portant une tunique grise non standard avec des doubles chevrons rouges sur chaque épaule, un fusil de chasse brandi dans la main droite, des holsters de selle contenant de gros revolvers, vraisemblablement des Colt Modèle Walker ou Dragoon, et un revolver fourré dans un holster de ceinture à droite, crosse vers l’avant. Armé jusqu’aux dents, le cavalier montre un air déterminé à ne pas se laisser faire et prêt à en découdre avec les Yankees. Un éperon traîne par terre, un Texan n’a pas besoin de faire mal à son cheval avec des éperons, il le guide avec ses sens.

La préférence accordée à la carabine Sharps dans l’œuvre de COPPINI ne fut pas le résultat chanceux d’un caprice artistique. Le sculpteur avait parlé avec beaucoup de vétérans du régiment, et il avait lu autant de son histoire qu’il avait pu le faire et qu’il y en avait d’écrit à l’époque. Il savait comment s’habillaient les hommes de TERRY, la façon dont leur selle était faite, et ce qu’ils avaient emporté comme « fer » dans la douzaine de campagnes de Shiloh à Durham Station. La Sharps était là parce que ces hommes aimaient les bonnes armes, et qu’ils les utilisaient avec une habileté mortelle, autant reconnue par leurs amis que par leurs ennemis. Le Texas était né dans le bassinet d’un fusil à silex au cours des mois tumultueux de 1836. On comprend donc qu’à l’arrivée de la Guerre Civile, les combats successifs contre les Mexicains et les Indiens hostiles avaient forgé un esprit guerrier fort dans la population mâle de l’Etat. Plus de 60 000 Texans portèrent l’uniforme gris pendant la guerre, et ils sortirent d’une partie de la population d’âge militaire qui totalisait à peine 92 000 hommes. Sur ces 60 000 volontaires, plus d’un quart trouva une tombe sur les champs de bataille éparpillés du Nouveau Mexique jusqu’en Pennsylvanie. Le Texas a donné 135 officiers supérieurs à la Confédération, et ils ont mené leurs hommes dans les combats les plus féroces qu’il pût y avoir pour sa cause perdue. Ce fut un régiment du Texas, le 1st. Texas Infantry de la Brigade d’élite du Texas, issue de la fameuse Northern Virginia Army de LEE, qui souffrit des pertes les plus sévères que l’on ait jamais relevé pour un seul jour de combat. Le 17 Septembre 1862, à Antietam, Maryland, le régiment accusa 82,3 % de morts ou de blessés, sur une force de 226 hommes. En dépit de la forte culture équestre de l’Etat, la plupart des Texans servirent le Sud dans l’Infanterie.

 

Parmi la quarantaine de régiments montés qui furent levés à l’ouest de Sabine, le plus célébré et le plus aguerri fut le 8th. Texas Cavalry. Le corps des Texas Rangers fut officiellement dissout dès le début de la guerre, mais ils s’appelleront quand-même des « Rangers ». A l’été 1861, le gouvernement Confédéré autorisa le Colonel Benjamin TERRY du comté de Fort Bend, à lever un « Régiment de Rangers Montés » pour se battre en Virginie. Au début de Septembre, 1176 Texans s’étaient rassemblés à Houston pour former les dix compagnies du nouveau régiment. Chaque recrue se présenta avec son propre cheval et son propre équipement, mais on renvoya vite les montures à la maison. On avait promis au régiment de lui fournir des chevaux du gouvernement à l’arrivée sur la zone de guerre. Il n’y avait pas d’uniforme standard pour cette unité. Certains hommes arrivèrent avec des vêtements rêches, tissés à la maison, alors que les fils de planteurs, plus aisés, arboraient des uniformes taillés localement, avec une abondance de broderies et de boutons en laiton. Le Capitaine John G. WALKER, commandant la Compagnie K, portait d’habitude de vieux vêtements en peaux et un sombrero mexicain. Les armes des soldats étaient encore plus variées. Beaucoup avaient apporté avec eux leurs propres armes, pendant que le reste était doté des armes saisies dans les stocks d’ordonnance Fédéraux quand le Texas quitta l’Union. Il en résulta une force d’une puissance de feu considérable, mais un cauchemar pour un officier d’intendance quand il fallait réparer, remplacer et en matière de fournitures en munitions. Plus de la moitié du régiment, 597 hommes, portaient des fusils de chasse « juxtaposés ». Bien qu’ils n’eussent pas la portée et la précision des armes rayées, les « éparpilleurs » étaient diablement efficaces à courte distance. La charge habituelle pour chaque canon était ce que les Texans appelaient les « Siffleurs Bleus », soit neuf chevrotines de calibre .33. Chaque charge était surmontée d’une balle de mousquet pour accroître la portée de la gerbe de plomb. Les fusils de chasse resteraient des armes populaires dans le régiment jusqu’à la fin de la guerre, car dans les régions de forêt dense où se déroulèrent la plupart des combats, ces éparpilleurs, de plomb ou de clous, au départ de l’arme, et de chair, à l’arrivée des projectiles, étaient l’idéal pour ce qu’il y avait à faire. Les hommes qui portaient ces fusils de chasse à leur selle, qu’ils fussent fabriqués localement ou importés d’Angleterre, plus raffinés, ne se sentaient pas du tout handicapés par leur choix des armes, mais d’autres préféraient un armement plus conventionnel. Après le fusil de chasse, les armes préférées constituaient toute une variété de fusils à chargement par la bouche de fabrication domestique. Il y avait beaucoup d’armuriers au Texas, et tout, du fusil à écureuil avec son calibre de la taille d’un petit pois, jusqu’au fusil à bison au canon aussi gros que le poignet, reposait dans les bras des quatre vingt douze hommes qui avaient choisi le chargement par la bouche. Deux soldats semblent avoir porté des armes rayées à deux canons, d’un calibre indéterminé, alors que six autres étaient équipés de combinés canon lisse et canon rayé. D’autres armes civiles trouvées dans les rangs incluaient quatorze fusils Sharps à chargement par la culasse.

 

La Sharps était bien connue au Texas depuis le début des années 1850, où les soldats de l’Army et les postiers de la ligne de diligence qui allait de San Antonio à El Paso commencèrent à porter cette arme solide et précise. Utilisant des cartouches en lin ou en papier, la Sharps était une superbe arme de cavalerie, comme fusil ou comme carabine. Beaucoup de ces armes à chargement par la culasse furent récupérées par les Rangers au cours de leurs rencontres contre les régiments montés de l’Union. Trois soldats chanceux emportaient des fusils à répétition Colt, des armes tirant six coups dans un barillet. Introduites au Texas à la fin des années 1830, les longs fusils Colt s’étaient rendus populaires, bien que ce fussent des armes quelque peu capricieuses. Le soldat prudent chargeait toujours avec des cartouches préparées à l’avance autant que possible, plutôt qu’avec de la poudre sortant d’une poire. Eh oui, banane, pas poire, bonne pomme, faut s’y connaître en pruneaux ! Quand tu charges ton barillet avec ta poire à poudre, tu en mets facilement un peu de côté, tout spécialement si tu es sur un cheval qui se déplace, et la poudre a toujours tendance à coller autour des chambres à l’avant du barillet, soit parce que le métal est humide, soit parce qu’il est gras, soit parce qu’il est sale. Même si tu essuies, il en reste près de l’axe. Et quand le coup part, ces restes de poudre s’enflamment et transmettent le feu à la chambre suivante. Au résultat et si ta main faible se trouve devant le barillet comme l’ergonomie te le commande, tu perds un doigt ou une main… Il s’assurait également que les balles étaient fermement assises dans les chambres pour éviter un départ en série qui aurait pu se révéler aussi dangereux qu’embarrassant. Dangereux, on comprend. Autant pour les mains du tireur que pour les petits copains à côté. Embarrassant, également. Spécialement si tu as besoin de tous les six coups pour te défendre contre ces malpolis en face qui n’arrêtent pas de te tirer dessus. On voit aussi que les gus mettaient directement la balle sur la poudre, à pleine charge, sans bourre, et qu’ils n’avaient pas forcément le suif pour boucher en haut et rendre le tout étanche. Des officiers Texans bien connus, comme le Lieutenant Colonel John R. BAYLOR du 2nd. Texas Mounted Rifles, portaient des fusils Colt. A l’époque où les hommes de TERRY s’engagèrent, BAYLOR avait déjà organisé une invasion du Nouveau Mexique avec en main son arme à répétition. Des unités comme la Compagnie A du 3rd. Texas Cavalry étaient armées exclusivement de carabines Colt, et elles étaient enviées par celles qui devaient se débrouiller avec des armes à chargement par la bouche. Le trio de soldats armés de carabines Colt fut sans aucun doute le bienvenu dans les rangs du 8th. Texas. Les dernières armes à chargement par la culasse trouvées parmi les recrues furent trois fusils Morse. Breveté en Octobre 1856, le fusil Morse présentait uns système d’ouverture par le haut à joint en olive et il était normalement chambré dans les calibres .50 ou .54. Les modèles d’avant la guerre étaient fabriqués par la Muzzy Rifle & Gun Manufacturing Company à Worcester, Massachusetts. Arme à chargement par la culasse solide et simplement construite, le fusil Morse avait beaucoup d’admirateurs. Cependant, la société fut incapable d’assurer en quantités suffisantes et dans tout le pays la fourniture de la cartouche métallique dont il avait besoin, et la déclaration de guerre arrêta vite l’approvisionnement de munitions vers le Sud. Les fusils Morse du régiment furent probablement échangés très vite pour d’autres armes après le début de la campagne active des Texans.

 

Il y eut au moins quarante neuf armes longues ayant appartenu auparavant à l’U.S. Army parmi les Rangers. Vingt neuf hommes portaient le superbe fusil U.S. Model 1841 Missisipi Rifle en calibre .54. Ces belles armes à garnitures en laiton avaient gagné leur célébrité pendant la Guerre du Mexique et lors du service qui suivit sur la frontière Indienne. Les émigrants et les Texans d’avant la guerre les avaient aussi beaucoup utilisées, et en 1856, on les trouvait facilement sur le marché civil. Trois cavaliers portaient le mousqueton Springfield Modèle 1847, beaucoup moins désirable. Entré en dotation chez les U.S. Dragoons en 1849, le mousqueton fut bientôt cordialement méprisé par chaque homme qui devait le porter. A canon lisse et à chargement par la bouche, cette arme de calibre .69 était extrêmement imprécise et maudite à cause de son recul insupportable. Peu d’hommes l’acceptaient comme une arme de choix. Une paire de soldats portaient des mousquets à canon lisse, de marque et de calibre inconnus. Ils ne pouvaient qu’envier la douzaine de recrues que l’on dota de fusils rayés Harpers Ferry Model 1855 équipés du système d’amorçage Maynard sur la platine. Cinq autres hommes portaient des « mousquets Minié », probablement des U.S. Model 1842 à canon lisse qui avaient été rayés et équipés d’organes de visée pour tirer plus loin. Ils tiraient la gigantesque balle Minié en calibre .69.

 

Cinq soldats plus heureux furent dotés d’armes beaucoup plus rares qu’étaient les carabines Springfield U.S. Model 1855. Ces armes rayées et pratiques de calibre .54 avaient été conçues pour être utilisées par le 2nd. U.S. Cavalry au moment de sa création au milieu des années 1850. Quand le régiment fut posté au Texas, les carabines furent expédiées aux dépôts d’ordonnance de l’Etat. Treize des hommes qui rejoignirent le 8th. Texas portaient des armes qui furent enregistrées sur les listes officielles des consignes comme des « fusils Sharps à six-coups. » Ces armes mystérieuses défient toute identification positive aujourd’hui, car les fabricants de Sharps ne produisirent jamais d’armes longues à répétition, bien qu’ils mirent sur le marché un nombre limité de pistolets-revolvers à petite carcasse, aux marquages de Sharps. Les Sharps à chargement par la culasse et les Colt à répétition étaient des armes familières au Texas en 1861, et il est difficile de croire que l’on ait pu confondre l’une avec l’autre. Une explication possible est que ces engagés avaient peut-être acquis quelques-uns des premiers modèles de fusils à répétition Spencer. Bien que Christopher SPENCER ne commençât pas la fabrication en masse de son arme avant d’avoir reçu ses premiers contrats du gouvernement pour le calibre. 56 en percussion annulaire à l’été et à l’automne de 1861, il peut avoir fabriqué des carabines en production limitée dans les calibres .36 et .44 à percussion annulaire depuis 1859. Au moins deux carabines dans ces calibres, portant des petits numéros de série et des traces d’outils à main, ont survécu à cette période. Un ancien cavalier bien connu du Pony Express, Robert HASLAM, écrivit qu’il portait déjà une Spencer le long de sa jambe sur la route en 1860. Comme le fusil ne fut pas breveté avant le 6 Mars 1860, Spencer doit avoir mis rapidement une quantité de ces armes sur le marché civil. Il y avait également un lien d’apparence entre les Sharps et les Spencer, qui peut avoir aidé à confondre les armes et les appeler « fusils Sharps à six-coups ». Richard S. LAWRENCE, directeur de la firme Sharps, est connu pour avoir fourni un canon et une carcasse de Sharps à son ami SPENCER pour construire son prototype. L’une des carabines survivantes en .44 annulaire présente également des organes de visée arrière de Sharps, montés sur un canon marqué Sharps. Bien que la documentation manque à ce sujet, il est possible que SPENCER ait acheté des pièces supplémentaires de Sharps pour assembler ses premiers lots d’armes en production. Cela pourrait expliquer la confusion qui entoure le nom correct de l’arme. On trouve une autre preuve de la présence des premiers Spencer dans l’Ouest, dans les souvenirs de Moses SYDENHAM, receveur des postes à Fort Kearney, Nebraska. En 1862, il partit pour la chasse au bison près du poste et nota que « …il n’y avait qu’un coup dans la chambre de l’arme, un fusil Sharp (sic) avec un chargeur contenant plusieurs balles. Comme il n’y avait plus de balles ni de cartouches de disponibles, je devais me débrouiller avec un seul coup dans l’arme. » SYDENHAM faisait clairement allusion à une arme à répétition alimentée par un chargeur utilisant des cartouches métalliques, parce que les cartouches en lin ou en papier des Sharps se trouvaient facilement tout le long de la frontière, ce qui n’était pas le cas des cartouches plus exotiques en cuivre et à percussion annulaire. Son allusion à une arme « Sharps » suggère qu’elle portait les marquages de cette compagnie. Si l’on trouvait ces premiers modèles de Spencer au Nebraska et le long de la route du Pony express, on a sûrement du en vendre aussi au Texas, car cet Etat infesté par les Indiens supportait une demande qu’il est facile de comprendre, pour des armes de bonne qualité. Quelle que soit la vraie identité de ces fusils indéfinissables, ils complétèrent l’équipement du 8th. Texas en armes longues, en faisant de ce régiment l’une des collections d’armes les plus éclectiques que l’on aie jamais porté dans une unité militaire. L’armement du régiment deviendrait encore plus divers au fur et à mesure que la guerre continuerait.

 

Les Texans étaient abondamment équipés d’armes de poing, et beaucoup de soldats portaient une paire, ou plus, de six-coups. Le Colonel TERRY donna l’exemple en portant pas moins de quatre revolvers Tranter. Ces armes à double action de fabrication Anglaise étaient fabriquées en six calibres, le .36, le .44 et le .50 étant les plus populaires. Le Tranter utilisait un mécanisme unique à deux détentes qui permettait de tirer aussi bien en simple action qu’en double. Un deuxième levier se trouvait devant le pontet et s’opérait avec le médius du tireur. En tirant les deux détentes à la fois vers l’arrière, on obtenait l’effet à double action, alors que le chien sans crête demandait une simple manipulation de la seule queue de détente si l’on voulait tirer en simple action. Sous-entendu, après avoir armé le chien en tirant d’abord le premier levier vers l’arrière, et tout seul, pour amener la noix jusqu’au cran de l’armé. Une fois le chien armé, on ramenait le levier vers l’avant, et une simple pression de la queue de détente à l’intérieur du pontet faisait partir le coup. Même système sur le Savage.

En plus de ces Tranter, TERRY portait un Colt Navy Model 1851 en calibre .36, qui fut sans conteste le pistolet le plus commun sous son commandement. Un total de 584 Colt Navy se trouvaient dans les holsters de ses hommes au moment où ils se rassemblèrent, en même temps que soixante quatre exemplaires des gros modèles Colt Army en .44. La plupart de ces derniers furent probablement des Colt Dragoon plus anciens, puisque les nouveaux revolvers Model 1860 n’étaient pas encore arrivés sur le marché depuis longtemps à cette époque. Les anciens Dragoon restaient de bonnes armes, cependant, et rendirent de grands services aux tuniques grises. Soixante cinq des Texans portaient le petit revolver Colt Pocket Model 1849 en calibre .31. Bien que leurs petites balles n’avaient pas autant de puissance que les grosses .44, ces revolvers pouvaient tout de même faire des victimes à courte distance, et lorsque les combats en arrivaient à se passer étrier contre étrier, les petits calibres étaient encore capables de vider des selles. Ceux qui ne pouvaient pas obtenir des Colt dans un calibre ou un autre, comptaient sur des marques moins connues. Onze soldats arboraient les gros revolvers Starr à carcasse fermée, en calibres .36 et .44. Jamais autant recherchés que les Colt, les modestes Starr étaient des armes solides, à la puissance d’arrêt tout à fait adéquate. Les troupiers qui n’avaient pas leurs propres revolvers eurent des pistolets à percussion plus anciens, des Modèles 1842 capturés dans les stocks Fédéraux. Ces armes à chargement par la bouche en calibre .54 et à canon lisse étaient lentes à recharger, mais si l’on y mettait une cartouche en papier combinant les chevrotines et la balle, elles pouvaient devenir effroyables à courte distance. Très peu parmi les hommes de TERRY, portaient le sabre. Les longues lames étaient normalement réservées aux officiers comme signes de haut rang, mais rare était l’homme qui n’avait pas un gros couteau Bowie ou un « cure-dents » de l’Arkansas glissé dans son fourreau, à la ceinture ou dans la tige d’une botte. Le Weekly Telegraph de Houston relata que chaque homme de la compagnie portait un couteau pesant trois livres, avec une lame de deux pieds de long. Bien qu’il s’agît probablement là d’une exagération, les Texans étaient sans aucun doute des amateurs du « cuchillo grande », le long couteau, qui se transformait en un outil très pratique pour le camp, tout en étant en même temps une arme impressionnante.

 

Les hommes de TERRY voyagèrent vers l’Est depuis leur camp de recrutement de Houston, vers New Orleans, Louisiana, où ils reçurent l’ordre du General Albert Sydney JOHNSTON de rejoindre ses forces au Kentucky, en un mouvement de cercle pour protéger le Tennessee d’une invasion de l’Union. Se déplaçant par chemin de fer, les Texicains atteignirent le quartier général de JOHNSTON de Bowling Green à la mi-Octobre 1861. Là, ils furent formellement enrôlés pour le service Confédéré et on leur donna de beaux chevaux du Kentucky comme montures. Leurs selles Texanes typiques solidement arrimées sur le dos de leurs chevaux et les armes à la main, les Rangers étaient prêts à aller à la chasse aux Tuniques Bleues. De petites escarmouches et des patrouilles suivirent pendant tout l’automne, pendant que les cavaliers de l’Union et Confédérés tâtaient le terrain entre les deux armées rivales au Kentucky. Au début de Décembre, TERRY reçut l’ordre de soutenir une unité d’infanterie Confédérée qui marchait pour parer à une attaque Yankee sur Woodsonville, sur les lignes avancées de JOHNSTON. Se déplaçant en avant des soldats à pied, les Rangers localisèrent la ligne d’embuscade de l’ennemi et chargèrent immédiatement le 32nd. Indiana Infantry. Le commandant de ce régiment se rappela l’attaque des Texans comme suit : « A la vitesse de l’éclair, hurlant comme des diables, un grand nombre de Texas Rangers assaillit notre force toute entière. Ils avancèrent jusqu’à 15 ou 20 yards de nous, quelques-uns uns d’entre eux déjà dans nos rangs, puis ils ouvrirent le feu avec leurs fusils et leurs revolvers. » Dans le sauvage combat au corps à corps qui s’ensuivit, les Confédérés hurlants tuèrent ou blessèrent trente huit des Hoosiers à bout portant, avant que les Yankees ne paniquent et ne fuient ce terrible déchaînement de chevrotines et de balles de pistolet. Huit Texans furent blessés par baïonnette ou par fusil, et quatre d’entre eux moururent au combat. Ce fut une victoire coûteuse, cependant, car parmi les morts se trouvait le Colonel TERRY, qui reçut une balle Minié des Fédérés dès les premières secondes de l’action.

 

Le Lieutenant Colonel Thomas S. LUBBOCK succéda à TERRY à la tête du 8th. Texas, mais il mourut bientôt de maladie. Les Rangers élirent le Capitaine John A. WHARTON de la Compagnie B pour assurer le nouveau commandement. Le major du régiment, Thomas HARRISON n’était pas très populaire parmi les hommes à cause de sa timidité dans l’action et une insistance excessive dans une discipline stricte. En quelques mois, cependant, l’officier retrouva une bonne réputation et finalement acquit le commandement de l’unité.   

Pendant tout le mois de Janvier 1862, les Texicains se limitèrent à patrouiller dans le Nord-Ouest du Kentucky, alors qu’un obscur Général de l’Union nommé Ulysses S. GRANT montait une offensive qui nettoya les plaines des rivières Cumberland et Tennessee des places fortes Sudistes, Fort Donelson et Fort Henry. Ces actions permirent une avance vers Nashville après l’écroulement du plan de défense de JOHNSTON. Les Confédérés se replièrent au Sud vers Corinth, Mississipi, sous la neige et une pluie glacée qui firent rêver les Texans à de meilleurs climats. Engagez-vous, rengagez-vous, qu’y disaient, vous verrez du pays, qu’y disaient.

 

Au début du mois d’Avril, JOHNSTON lança une contre-offensive contre l’armée de GRANT, qui campait le long de la rivière Tennessee près d’un hameau perdu du nom de Shiloh. Pris par surprise au matin du 6 Avril 1862, les Fédéraux, stupéfaits, furent presque mis en déroute par les Tuniques Grises qui les attaquaient. Les Rangers couvrirent le flanc gauche de JOHNSTON à travers les bois touffus qui bordaient la Owl Creek. Ils lancèrent plusieurs attaques au cours des deux jours suivants, alors que les hommes de GRANT se ralliaient et répliquaient. Mais la mort de JOHNSTON et le chaos qui suivit l’avance trop rapide de ses hommes le premier jour, força les Confédérés à se retirer avant l’assaut de l’Union. Le 8th. Texas se joignit  à une compagnie du 3rd. Tennessee Cavalry du Colonel Nathan Bedford FORREST, pour monter une attaque depuis l’arrière et contrer l’ennemi dans sa poursuite des Confédérés qui se repliaient. Comme une brigade d’infanterie de l’Union se mit à faire pression sur les arrières de l’armée, les deux unités se rassemblèrent pour une charge sur un terrain accidenté et boisé. Le soldat J.K.P. BLACKBURN, l’homme aux burnes noires, se rappelle l’événement : « FORREST ordonna de foncer. Sans attendre que cet ordre fût officiel, les Texans se lancèrent comme un cyclone, n’attendant même pas que FORREST donnât l’ordre de trotter, galoper puis charger, comme il l’avait appris à ses hommes. A peine les attaquants Yankee eurent-ils le temps de courir à leur place en rangs et que leurs deux lignes eurent pu mettre leur baïonnettes pour nous soulever de nos chevaux, que nous étions devant eux à vingt pas de leurs deux rangs de baïonnettes sauvages… Presque en un clin d’œil, les deux canons de chaque fusil de chasse de notre ligne, chargés chacun de quinze ou vingt chevrotines, furent tournés vers la ligne bleue, et voilà ! Quelle destruction et quelle confusion suivirent ! On aurait dit une immense compagnie de cailles massées au sol, dans laquelle on aurait tiré une volée de plomb. C’était comme si toute cette ligne bleue de soldats se serait tordue de douleur dans un volée de plumes et en battant des ailes. Presque chaque homme qui ne fut pas touché ou tué partit en retraite en s’enfuyant, la plupart laissant leurs armes là où la ligne avait été cassée, et ils battirent tous les records pour rejoindre leurs forces de réserve, plusieurs centaines de yards en arrière. Une fois nos fusils de chasse vidés, nous les accrochâmes aux pommeaux de nos selles et, nos six-coups en mains, nous nous mîmes à la poursuite des fuyards, en les capturant ou en les tuant jusqu’à ce qu’ils atteignent enfin leurs forces de réserve. » Cà, ça s’appelle un massacre ! J’imagine un peu ce que ça serait si on donnait des chevaux et des fusils de chasse aux C.R.S. en leur donnant l’ordre de charger une manifestation de ces saloperies de Palestiniens excités. Le Major HARRISON, si impopulaire auparavant, menait la charge des Rangers ce jour-là, et aucun d’entre eux ne remit jamais plus en question son courage ou son aptitude à commander. Le Colonel FORREST fut gravement blessé dans la bataille, mais il resta en selle et se tailla son chemin à coups de sabre dans les rangs ennemis pour en revenir, avec sa férocité habituelle. Lorsqu’il formera un nouveau commandement pour de futures missions, il rappellera à tous l’impétuosité effrontée des Texans. Ayant sauvé l’Armée du Tennessee meurtrie de la poursuite et d’une possible destruction par les Yankees, le 8th. Texas suivit l’armée découragée dans sa marche vers le sud, jusqu’à Corinth, Mississipi. Pendant que les deux armées léchaient leurs plaies et se préparaient à une nouvelle série de campagnes, le régiment fut réuni au 1st. Kentucky Cavalry et envoyé en raid au milieu du Tennessee pour harceler les envahisseurs de l’Union. Pendant trois semaines, les hommes des plaines et les cavaliers de l’herbe bleue mordirent les arrières de l’ennemi, n’effectuant qu’un seul engagement notable, mais gardant les Tuniques Bleues sur le qui-vive dans une vaste zone. En Juin, les Rangers et leurs camarades campèrent en sol ami près de Chattanooga. Le General Pierre G.T. BEAUREGARD, succédant au commandement à JOHNSTON, promut le colonel FORREST au grade de Brigadier General et lui ordonna de regrouper le 8th. Texas avec le 1st. et le 2nd. Georgia Cavalry.

 

Le 9 Juin, FORREST remit ses soldats en selle pour une marche forcée destinée à monter une attaque sur Murfreesboro, Tennessee. Cette ville tenue par l’Union était un maillon fort sur la ligne de chemin de fer reliant Nashville à Chattanooga, sur laquelle comptait le commandant des Fédéraux, le General Don Carlos BUELL, pour assurer l’approvisionnement au cours de son offensive sur Chattanooga. Les Confédérés frappèrent la garnison ennemie de 2 000 hommes lors d’une attaque juste avant l’aube du 13 Juillet. Le Colonel WHARTON fut blessé au cours de cette bataille qui dura pratiquement toute la journée. Le commandant Nordiste finit par se rendre avec 1 200 hommes, une batterie d’artillerie, des centaines de chevaux dont on avait un besoin urgent et des tonnes de fournitures, dont des vivres, que les hommes de FORREST revendiquèrent allègrement comme butin. La réputation de férocité des Texans les avait aidé à convaincre l’ennemi de cesser de combattre.

 

A l’automne, le General Braxton BRAGG avait pris le commandement de l’Armée du Tennessee à BEAUREGARD. FORREST fut relevé de son commandement du régiment par un BRAGG jaloux, et les Texans se retrouvèrent sous le commandement du Major General Joseph WHEELER, pendant que BRAGG et BUELL se précipitaient l’un contre l’autre vers une rencontre sanglante qui devait avoir lieu le 7 Octobre 1862, à Perryville, Kentucky. WHARTON promu à la tête de la brigade, HARRISON devint le nouveau commandant de régiment et se vit assigné à la tâche ingrate de masquer la retraite de BRAGG après les carnages inutiles de ses premières offensives infortunées. Les Rangers se battirent au cours de plus de quarante engagements différents pendant le déroulement de la campagne, mais déplorèrent moins de trente pertes. Ils revinrent au Tennessee avec la confiance de vétérans aguerris, bien que le temps rude de l’automne eût augmenté les listes des hommes malades et réduit le nombre de ceux qui étaient capables d’assurer le service. Mais, même comme cela, le 8th. Texas était en meilleure forme que beaucoup d’autres unités de l’armée. Vers la fin de Décembre, il rassemblait 690 hommes, comme une poignée de nouvelles recrues du Texas et des hommes revenant des hôpitaux rejoignirent ses rangs juste à temps pour la bataille suivante. Le 31 Décembre, les deux armées se heurtèrent de nouveau l’une à l’autre dans les environs de Murfreesboro, au cours de la bataille de Stone’s River. Le 8th. Texas mena la brigade de WHARTON en un mouvement d’encerclement sur l’ennemi par le flanc droit pendant tout ce jour-là et le suivant, pour arriver à capturer 2 000 hommes et l’artillerie qui les accompagnait, ainsi que les chariots d’intendance. Les Rangers furent presque constamment engagés contre les Tuniques Bleues pendant ces quarante huit heures, et ils les firent compter leurs morts et leurs blessés en quantités. Au cours de l’une de ces occasions, la brigade fut formée en ligne alors qu’une formation de cavalerie de l’Union s’apprêtait à la charger. Les Tuniques Bleues tirèrent leur sabre au clair, leurs lames étincelant timidement dans le soleil blême de l’hiver. Puis les clairons sonnèrent et les Yankees s’élancèrent en avant dans un bruit de tonnerre, les Texans les attendant calmement pour les recevoir comme il se devait. Les seuls bruits que l’on entendit furent le tintement des mors et le cliquetis des mécanismes bien huilés sur les armes, dont les chiens étaient amenés au cran de l’armé. L’ennemi n’était plus qu’à quelques mètres, lorsqu’une méchante volée de plomb jaillit des fusils de chasse, éparpillant les escadrons bleus en des lambeaux sanguinolents, pendant qu’hommes et chevaux s’écroulaient en hurlant et en se transformant en des nœuds de choc et de douleur. Une fois de plus, les Texicains étaient prêts à faire face à toute poursuite, mais un BRAGG secoué avait perdu confiance et quittait le terrain. Les deux armées avaient été gravement saignées dans la bataille, mais ROSECRANS, le commandant Nordiste, avait vu son armée repoussée en arrière et pratiquement repliée comme un canif que l’on referme, par les assauts courageux des Confédérés. Comme presque toute l’Armée du Tennessee, le 8th. Texas était dégoûté de BRAGG. A propos du comportement bizarre et décevant du Général BRAGG sur les champs de bataille, lire « Sous influence », dans la même série à quatre sous.

 

En 1863, la nature de l’équipement du régiment avait commencé à changer. Beaucoup d’armes de l’Union avaient pu être prises et d’autres avaient été attribuées par les autorités Confédérées. A cette époque, environ un homme sur dix avait échangé son fusil de chasse contre une arme pouvant tirer plus loin. On disposait facilement de carabines Sharps capturées, et les fusils Enfield et Mississipi trouvèrent également de nouveaux amateurs. Beaucoup de cavaliers arboraient jusqu’à quatre revolvers, glissés dans la ceinture et les tiges des bottes, pendant qu’une autre paire de Colts ou de Remington pris sur l’ennemi se trouvaient dans des fontes.

Les manteaux à cape de l’Union étaient des articles recherchés, offrant à la fois une chaleur et une apparence trompeuse bien utile aux Texans lors des escarmouches qu’ils menaient derrière les lignes ennemies. Au moment où les cavaliers étaient assez proches d’un groupe de Yankees trop insouciants pour qu’ils puissent reconnaître les selles typiques à grand pommeau du régiment, il était généralement trop tard. Une période de repos au piquet en Janvier fut suivie par un nouveau tour en service, et la brigade de WHARTON rejoignit celle de FORREST lors d’un raid dans l’ouest du Tennessee qui n’eut pas d’autre résultat que de fatiguer les hommes et les montures. Le régiment passa le printemps et le début de l’été 1863 à couvrir l’armée de BRAGG le long de la rivière Duck alors qu’elle campait près de Tullahoma et Shelbyville. A cette époque, le Colonel HARRISON venait d’être promu commandant de brigade, alors que WHARTON prenait un poste de commandant de division dans le corps de cavalerie du Général WHEELER. Le Lieutenant Colonel Gustave COOKE mena le 8th. Texas à la place de HARRISON. Les Texans célébrèrent les promotions en lançant plusieurs embuscades contre des convois d’approvisionnement et en harcelant leurs escortes. Sous la pression des forces de L’Union qui se re-saisissaient, BRAGG reflua vers Chattanooga en Juin et en Juillet. A la fin du mois d’Août, les 412 Rangers présents en service attaquaient journellement l’Armée du Cumberland de ROSECRANS, qui avançait en forçant le passage à travers les Lookout Mountains. Le 19 et le 20 Septembre, le régiment fut emporté dans le carnage d’une nouvelle bataille, quand les armées se heurtèrent sur les berges broussailleuses de la Chickamauga Creek. Les Rangers prirent part à un mouvement de flanc qui fit s’effondrer l’aile droite de ROSECRANS, et qui la mit en déroute. Les Rangers n’eurent à déplorer que vingt morts ou blessés, alors qu’ils infligèrent 136 pertes à la brigade opposée, y compris un commandant de régiment. Le Colonel COOKE se trouvait parmi les blessés Texans et, à la fin de la bataille, c’était un Capitaine qui commandait l’unité. Le 8th. Texas s’en tirait bien cependant, car 18 000 Confédérés furent tués ou blessés pendant ces deux jours. En Novembre, le régiment rejoignit la division du Brigadier General Frank ARMSTRONG à Athens, Tennessee, pour participer au siège inutile de Knoxville. En l’absence des Texans, BRAGG subit une défaite cuisante à Missionary Ridge, qui laissa le régiment isolé à l’Est du Tennessee, pendant que le gros de l’armée battait en retraite vers le Sud. Ils ne purent pas rejoindre l’Armée du Tennessee à Dalton, Georgia, avant le printemps suivant.

 

Du mois de Mai jusqu’à l’été 1864, ils furent constamment en action alors que les forces de SHERMAN s’avançaient de Chattanooga en un vaste mouvement vers Atlanta. Combattant à la fois à cheval et à pied, les Texicains lui barrèrent la route à Resaca, à Cassville, à New Hope Church et à Big Shanty en Georgie. Le nouveau commandant de l’armée, le Général Joseph E. JOHNSTON, entendait faire saigner SHERMAN à chaque pas qu’il ferait. Comme la dernière année de guerre progressait, les effectifs du régiment se réduisaient régulièrement. La maladie et les combats arrachaient leur part de victimes, mais le fier esprit de corps du 8th. restait intact et de nouvelles armes continuaient à entrer dans ses mains après chaque rencontre avec l’ennemi. En Mai 1863, la première livraison des nouveaux fusils à répétition Spencer était arrivée aux mains des troupes au Tennessee, et en quelques mois, beaucoup de régiments avaient échangé leurs vieilles carabines contre les plus modernes à sept coups. Inévitablement, les Spencer tombèrent aux mains des Sudistes aussi, car la cavalerie des Gris se battait amèrement contre des montagnes de plus en plus grandes. Le 20 Juin 1864, Le Sergent d’Ordonnance Robert D. BURNS rapportait que le 8th. Texas possédait cinquante Spencer, « …dont tous ont été récemment pris à l’ennemi… Les hommes refusant leur acquisition seulement à cause des difficultés à se procurer des munitions. » Le Sergent concluait son rapport en demandant que le Ministère de la Guerre des Etats Confédérés se mît à fabriquer des cartouches à percussion annulaire pour les Spencer, arguant que « le régiment tout entier était prêt à s’équiper exclusivement avec cette arme, quand des munitions pourront être obtenues en quantités suffisantes de nos arsenaux. » Le Sergent BURNS n’exagérait pas en vantant l’attraction éprouvée par ses camarades pour les Spencer. Quelques jours à peine après que BURNS eût rendu son rapport, la compagnie du Simple Soldat John W. HILL mit une unité de l’Union en déroute au cours d’une embuscade, et il écrivit plus tard à sa famille : « J’ai un six-coups et un Spencer qui tire sept fois, mais j’avais deux six-coups avant. J’ai laissé le pistolet à frère Tom. » C’est-à-dire que j’ai gardé l’arme qui tirait un coup de plus, comme çà, j’ai une arme de poing et une arme d’épaule, et mon petit frère Tom il a qu’à se démerder avec ce vieux revolver de merde qui marchait pas de toute façon.

La roue de la fortune tournait de plus en plus contre les Confédérés, au fur et à mesure que le printemps et l’été avançaient vers un automne tragique. JOHNSTON fut remplacé par le Général John B. HOOD, un commandeur têtu et agressif, qui envoya la cavalerie lancer des raids contre les voies de communication de SHERMAN, pendant qu’il menait une série de batailles qui se terminèrent par la perte d’Atlanta. Aucunement découragé, HOOD prépara une riposte audacieuse à la victoire de SHERMAN, mais laissa la cavalerie de WHEELER derrière pour harceler les Yankees. Les cavaliers Rebelles avaient à leur tête une force de reconnaissance d’élite formée par la Compagnie C du Captain Alexander SHANNON, du 8th. Texas. Habillés avec des uniformes capturés et armés des superbes Spencer, les hommes de SHANNON ne tardèrent pas à semer la frayeur parmi les envahisseurs. En Septembre, HOOD mena ses forces principales vers le nord en Georgie, dans l’intention de menacer l’immense base d’approvisionnement de l’Union à Nashville, Tennessee, s’attendant à ce que SHERMAN revienne vers lui et le poursuive. SHERMAN ignora l’offensive de HOOD, laissant les défenseurs locaux de Nashville se débrouiller avec cette menace. Son armée quitta les ruines fumantes d’Atlanta pour attaquer à l’Est et au Nord à travers le cœur de la Confédération, brûlant et pillant tout sur son passage. Le commandement de SHANNON passa l’automne à tailler dans les flancs de SHERMAN par une série de petits raids et d’escarmouches. Les pillards qui étaient capturés étaient sommairement exécutés par les Texans en colère, qui jurèrent vengeance contre les destructions sans motifs dont ils étaient témoins dans le sillage de SHERMAN. Entre le 18 Septembre et le 2 Décembre 1864, la compagnie tua ou captura plus de 400 Tuniques Bleues. En Décembre, SHANNON rejoignit le gros de l’armée, laquelle avait été ravagée par des pertes énormes lors de la défaite de HOOD à Nashville. JOHNSTON revint pour relever HOOD et assumer à nouveau le commandement de ce qui n’était plus alors que les restes déchirés de la fière Armée du Tennessee. Comme l’aube pâle se levait sur le Premier de l’An de 1865, le 8th. Texas, en même temps que le 11th. Texas et le 3rd. Arkansas, formèrent la brigade du Colonel Thomas HARRISON. Ensemble, les trois régiments alignaient un effectif moyen de 233 hommes chacun. Un inspecteur rapporta que : « ..l’arme principale que l’on trouvait aux mains des hommes sont les fusils Enfield long et court, le mousquet Springfield, la carabine Autrichienne, une variété d’armes à chargement par la culasse, comme la Spencer, la Burnside, la Sharp (sic), la Maynard, etc… et toute une variété de pistolets. » L’officiel note encore que «…beaucoup, sinon toutes, des armes à chargement par la culasse sont des armes de prise. Pour quelques-uns unes, comme la Spencer, il y a de grandes difficultés à se procurer les quantités nécessaires de munitions, l’approvisionnement dans les gibernes des hommes et sur le train n’ayant pu se faire exclusivement que par capture. Avec une telle variété de calibres, et en gardant à l’esprit que l’approvisionnement est au mieux limité et incertain pour au moins quelques-unes des armes mentionnées ci-dessus, il devient presque impossible d’assurer constamment les quantités appropriées de munitions. »

 

Le 8th. Texas fut probablement mieux armé que les autres régiments de la brigade, mais les comptes groupés de l’unité de Janvier 1865 ne font pas état des types ni des numéros des armes par régiment. Avec une force totale de 668 officiers et troupiers dans la brigade, on comptait 123 Enfield, 90 U.S. Model 1841 et une grande quantité de fusils rayés Autrichiens, 8 antiques fusils Belges, 83 Spencer, 135 carabines de types variés, et 17 fusils de chasse et mousquets à canon lisse. De toute évidence, les fusils de chasse avaient été remplacés dans les préférences des Texicains par des carabines à chargement par la culasse. Les armes de poing consistaient en 367 revolvers Army en calibre .44 et 292 pistolets Navy en calibre .36, la plupart des Colt. Les sabres brillaient par leur absence dans les rangs. Les effectifs des Rangers s’étaient tragiquement amaigris en 1865. Pourtant, ils étaient toujours respectables dans un combat, lorsque JOHNSTON revint pour remplacer un HODD discrédité et mener les ruines de son armée en retraite combattante vers les Carolines, où SHERMAN continuait son avance inexorable. Le 8th. Texas mena son dernier grand combat à Bentonville, North Carolina, le 19 Mars 1865. Après cela, il rejoignit le reste du corps de cavalerie dévasté de WHEELER, pour une attaque d’un corps de cavalerie endormi au camp, qui les mit en déroute. Leur chef, le Major General Hugh Judson KILPATRICK, quitta la scène en se sauvant dans ses sous-vêtements. Le Colonel COOKE et deux autres officiers supérieurs du régiment Sudiste furent blessés dans la bataille, laissant le Captain J.F. MATTHEWS de la Compagnie K à la tête des Rangers survivants.

Lorsque finalement, l’Armée du Tennessee se rendit à SHERMAN le 26 Avril 1865, il ne restait que 90 hommes capables de porter les armes sous les couleurs du régiment. Des centaines de leurs camarades dormaient sous terre, depuis le Kentucky jusqu’en Georgie. Armés avec une diversité mortelle d’armes et animés par la conviction que nul homme ne pourrait jamais surpasser un Texan à cheval ou avec des armes, les Texas Rangers n’avaient pas cessé de prouver qu’ils méritaient la consécration que leur accordera plus tard un autre natif du Texas, l’Admiral Chester W. NIMITZ « La valeur exceptionnelle fut une vertu courante. » Aucun soldat, pour aucune cause, ne pourrait demander de meilleure épitaphe.  

 

 

 

COMMENTAIRES SUR LES ARMES A FEU CITEES DANS CET ARTICLE :

Les cotes sont celles du FLAYDERMAN 1994 et ne veulent (presque) rien dire pour l’Europe

 

 

FUSIL DE CHASSE :

 

Du fait de la présence de beaucoup d’armuriers capables d’en fabriquer aux Etats-Unis, les marques furent diverses, tout comme les qualités. Rien de spécial d’autre à dire sur ce genre de machine à éparpiller les chevrotines, les balles, parfois la combinaison des deux, et parfois même des clous, des morceaux de fers à cheval découpés menus quand ils sont trop usés, ou des cailloux à défaut d’autre chose. Ca fait très mal quand ça tape ! Généralement des fusils juxtaposés, ces armes se chargeaient par la bouche et partaient après la pose d’une capsule de fulminate de mercure sur la cheminée, une fois le chien ramené en arrière au cran de l’armé.

 

CARABINE REVOLVER COLT :

 

Le First Model Ring Lever Rifle de Colt fut fabriqué de 1837 à 1838 en 200 exemplaires. En tirant vers l’arrière un anneau placé à l’avant du pontet, sous la carcasse, on armait le chien et on faisait tourner le barillet. Celui-ci avait 8 coups, en calibres .34, .36, .38, 40 et .44. Cote de 7 500,00 $ à 22 000,00 $. Le Second Model fut fabriqué à 500 exemplaires de 1838 à 1841 en calibre .44, toujours à 8 coups, plus rarement à 10. Les cotes vont de 7 000,00 $ à 18 500,00 $. Puis vint le Model 1839 en carabine, fabriqué à 950 exemplaires de 1838 à 1841. L’anneau a disparu, le barillet fait 6 coups en calibre .525. Cette arme fut très populaire et côtoya le revolver Colt Paterson à 5 coups. 360 unités furent achetées par le gouvernement des Etats-Unis. Les cotes vont, pour les modèles standard, de 7 000,00 $, à 50 000,00 $ pour les meilleurs exemplaires du contrat gouvernemental.

 

 

 

 

 

 

Bien qu’extrêmement rares de nos jours, et pour cause, je cite quand-même ces armes pour exemple, car rien n’interdit de penser qu’un riche planteur du Sud ait pu se payer une telle exception ou ait pu la donner à son fils en le laissant partir se faire tuer pour la bonne cause.

 

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 


En 1855, Colt sortit le modèle à 6 coups, d’abord pour le marché civil, puis en fusil rayé pour l’Armée, ce dernier étant fabriqué de 1856 à 1864 en 9 310 exemplaires dans les calibres .36 et .44. Le barillet foré en .52 faisait 5 coups. Les modèles en calibre .64 sont très rares. Cotes de 2 500,00 $ à 16 500,00 $, les armes civiles étant moins recherchées. La carabine, sans fût à l’avant, fut produite à 4 435 exemplaires de 1856 à 1864, en calibres .36 et .44 à 6 coups, et en .56 à 5 coups. Cotes de 2 500,00 $ à 6 000,00 $. Le modèle court avec le fût est le Artillery Model en calibre .56, assez rare, qui cote de 3 000,00 $ à 10 000,00 $.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On le connaît aussi en fusil de chasse, fabriqué à 1 100 exemplaires de 1860 à 1863 en calibres 10 et 20 à 5 coups.

 
 

 

 

 

 


U.S. 1841 MISSISSIPI RIFLE :

 

Fabriqué à Harper’s Ferry de 1846 à 1855, à 25 296 exemplaires, plus 45 500 chez des sous-traitants comme Remington, Robbins Kendall & Lawrence, Robbins & Lawrence, et Tryon. Whitney en produisit 26 500 de plus. De calibre .54 tirant une balle ronde, le canon est lisse. De 1855 à 1860, 8 879 furent transformées chez des sous-traitants en calibre .58 et plus de 5 000 en 1861 chez Colt, aussi en calibre .58. Les cotes varient de 900,00 $ à 3 500,00 $.

 

 

 

Le Mississipi Rifle 1841 fut particulièrement apprécié durant la Guerre du Mexique.

 
 

 

 

 


U.S. 1842 MUSKET :

 

Fabriqué chez Springfield et Harper’s Ferry de 1844 à 1855, à 275 000 exemplaires, dont 172 000 chez Springfield. Le canon est toujours lisse, foré au calibre de .69. Toutes les pièces sont interchangeables. Les cotes varient de 700,00 $ à 2 500,00 $.

 

 

 

 

 

 

 

U.S. 1847 MUSKETOON :

 

Mousqueton d’artillerie fabriqué par Springfield de 1848 à 1859 à 3 359 exemplaires en standard, plus environ 6 000 pour le modèle spécifique de Cavalerie. Le canon est lisse, foré au calibre .69. Les cotes vont de 800,00 $ à 3 000,00 $ pour le Standard, de 1 700,00 $ à 4 000,00 $ pour le Marine, de 2 000,00 $ à 4 500,00 $ pour le Sapeur et de 1 250,00 $ à 4 000,00 $ pour le Cavalerie.

 

 

 

Sur les modèles Standard, Marine et Sapeur, la baguette est tulipée, et sur le modèle Cavalerie, elle est aplatie et reliée au canon par une chaînette.

 
 

 

 

 

 

 


U.S. 1855 RIFLE :

 

Fabriqué par Springfield et Harper’s Ferry entre 1857 et 1861, à 59 273 exemplaires. Le calibre est de .58 et le canon est rayé Ce fut la première arme d’épaule réglementaire U.S. rayée. Les cotes varient selon les modèles, entre 950,00 $ et 3 000,00 $ pour les Springfield, et entre 1 250,00 $ et 4 000,00 $ pour les Harper’s Ferry. Un modèle Rifle uniquement, à deux bandes et une boîte à calepins dans le côté droit de la crosse, fut fabriqué à Harper’s Ferry entre 1857 et 1861 à 7 317 exemplaires, toujours en calibre .58. Les fusils « Zouave » fabriqués de nos jours en répliques sont censés représenter ce modèle car ils sont rayés et tirent la balle de calibre .58, mais ils sont historiquement faux car l’original avait le système Maynard alors que les répliques ne l’ont pas, et les modèles avec la boîte à calepins en laiton sont encore plus rares que ceux avec la boîte en fer. Les cotes vont de 2 000,00 $ à 5 000,00 $ pour les armes à garnitures en fer, et de 3 000,00 $ à 8 500,00 $ pour celles qui les ont en laiton.

 

 

 

 

L’arme est moderne pour l’époque, et équipée du système d’amorçage Maynard, qui ne donnera pas satisfaction.

 
 

 

 

 

 


L’article ne parle pas des Rifle-Musket Model 1861 ni du Model 1863, qui sont pourtant les armes fabriquées dans le plus grand nombre. A cheval, les anciens Texas Rangers n’avaient pas besoin de ces fusils trop longs et encombrants. On peut imaginer que quelques-uns uns furent quand-même récupérés dans les combats.

 

La Richmond Armory de Richmond, Virginia, fabriqua de 1861 à 1865 plus d’armes longues que tous les autres fabricants Confédérés durant la Guerre Civile. Les quantités totales ne sont pas connues. Les modèles principaux furent des copies de l’U.S. Model 1861 bien connu, reconnaissable à son chien courbé vers l’avant. Le calibre est toujours le .58. Les cotes vont de 4 500,00 $ à 8 500,00 $ pour les carabines et les mousquetons, et de 3 500,00 $ à 9 500,00 $ pour les mousquets rayés.

 

D’autres copies ne font que ressembler aux modèles d’ordonnance.

 

COPIES ENFIELD RIFLE & ENFIELD MUSKETOON :

 

Les originales furent importées principalement par le Sud depuis l’Angleterre. Les quantités exactes ne sont pas connues. Par contre, J.P. MOORE de New York fabriqua quelques milliers de Rifle de 1861 à 1863. Le calibre est le .58 standard. Les cotes vont de 600,00 $ à 1 250,00 $. Dans le Sud, COOK & BROTHER de New-Orleans, Louisiana, puis d’Athens, Georgia, en fabriqua quelques milliers de 1861 à 1864. Les cotes vont de
5 500,00 $ à 12 500,00 $ pour les carabines Artillery et Musketoon, de 6 500,00 $ à 14 000,00 $ pour la Cavalry, et varient entre 7 500,00 $ et 16 000,00 $ pour les Rifle…

 

L’échelle n’est pas respectée.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


SHARPS :

 

Ce récit ne parlant que de la Guerre de Sécession, on ne pensera qu’aux modèles tirant la cartouche en papier. Il s’agit des Sharps Model 1852 et 1853 pour les carabines plus anciennes, récupérées sur les civils volontaires, et des Model U.S. 1855 pour les modèles de l’Armée, tous avec le bloc de culasse oblique. Ces derniers modèles ont été fabriqués de 1856 à 1857 par la Sharps Rifle Manufacturing Co. à Hartford, Connecticut, à 800 exemplaires dont 600 pour l’U.S. Army, 100 pour la U.S. Navy et le reste pour les civils. Le calibre est le .52 et la plupart des armes sont équipées du système d’amorçage Maynard. Les cotes vont de 850,00 $ à 3 000,00 $ pour les Model 1852 standard, et de 1 500,00 $ à 4 500,00 $ pour les 200 carabines achetées par le gouvernement. Pour le Model 1853, les cotes varient entre 775,00 $ et 2 750,00 $ pour le modèle standard, et entre 1 500,00 $ à 4 500,00 $ pour les 250 qui sont marqués de l’Inspecteur des Armées.

Sur les premiers modèles de Sharps, le bloc de culasse était oblique.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Un modèle « British » en calibre .577 fut fabriqué à 6000 exemplaires pour les Anglais, dont une partie revint sur le continent pour la Guerre Civile. N’oublions surtout pas les Model 1859 et 1863, au bloc de culasse droit. Ceux-là furent fabriqués à 115 000 exemplaires de 1859 à 1866, toujours en calibre .52, et c’est principalement ces modèles qui virent la Guerre de Sécession. Les Rifles, c’est-à-dire les fusils, ont eu leurs heures de gloire en 1862 dans le rangs des 1st. et 2nd. Regiment de l’Armée du Potomac, dans les mains des hommes du Général Hiram BERDAN. On connaît une rare version de la carabine avec un moulin à café dans la crosse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


SPENCER :

 

Fabriqués par Spencer Repeating Rifle Company, Boston, Massachussets, avec une production sous-traitée à Burnside Rifle Company, Providence, Rhode Island. Le total avoisine les 144 500 fusils et carabines confondus, dont 107 372 allèrent au gouvernement des Etats-Unis. Chargeur tubulaire se logeant dans la crosse et munition à percussion annulaire, de calibre .56-56, appelée également « N° 56 », qui en fait faisait .52. Dans les carabines, les cotes vont de 1 000,00 $ à 3 000,00 $ pour les modèles de la Guerre Civile, et dans les fusils, les cotes varient de 1 150,00 $ à 3 250,00 $, le modèle Navy dont le gouvernement en acheta 1 009, étant le mieux coté, 11 470 exemplaires partant pour l’Army. 

Seule la carabine du haut est concernée par cet article.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


CARABINE MORSE :

 

Le système est intéressant. Il utilise une cartouche métallique spéciale. Il fut amélioré chez Springfield et Harper’s Ferry de 1860 à 1861. On estime le total d’armes transformées à 655. Le brevet de 1856 appartient à George W. MORSE, qui n’a rien à voir avec Samuel Finley Breese MORSE, un autre Américain de la même époque mais peintre de son état, et qui fit breveter le télégraphe à son nom en 1840. Norm FLAYDERMAN parle de 54 mousquets Springfield transformés, et de 600 armes se trouvant à différents stades de fabrication chez Harper’s Ferry au moment de sa capture par les Confédérés. Les cotes vont de 3 750,00 $ à 10 000,00 $.

 

Il est également question d’une carabine Morse qui aurait été fabriquée aux State Militia Works de Greenville, South Carolina, avec les machines-outils capturées par les Confédérés à Harper’s Ferry. La quantité fabriquée est estimée à 1 000. Le calibre est de .50 pour une cartouche métallique. Les cotes varient de 5 500,00 $ tous modèles confondus, à 12 500,00 $ pour les plus rares.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


REVOLVER COLT DRAGOON :

 

L’auteur de l’article n’en parle pas, mais moi je le fais. On ne peut pas l’oublier, car il s’en est sûrement trouvé un ou deux dans les fontes d’un Texas Ranger.

 

Le superbe Hartford Dragoon Model fut fabriqué en 1847 à 240 unités pour le Whitneyville qui cote entre
9 000,00 $ et 30 000,00 $, puis le First Model Dragoon fabriqué de 1848 à 1850 à environ 7 000 exemplaires et cotant entre 3 500,00 $ et 22 500,00 $, puis le U.S. Walker Replacement Dragoon dont relève 299 exemplaires sur un contrat de 1 000 et qui cote chez les amerloques entre 7 500,00 $ et 22 000,00 $, puis le Second Model Dragoon produit de 1850 à 1851 à 2 700 exemplaires et cotant entre 2 750,00 $ et 18 500,00 $, et enfin le Third Model Dragoon, fabriqué de 1851 à 1861 à environ 10 500 exemplaires, qui cote aujourd’hui pas moins de 2 500,00 $ pour les plus bas en « standard »  et jusqu’à 25 000,00 $ pour les meilleurs qui sont marqués Crocheron Light Dragoons, une milice de l’Alabama.

 

On connaît une firme Sudiste, la Tucker, Sherrard & Co., qui en fabriqua 400 copies de 1862 à 1867, lesquelles cotent aujourd’hui de 12 000,00 $ à 35 000,00 $. Il reste le Hartford English Dragoon assemblé à Londres de 1853 à 1857 à environ 700 exemplaires. Et je ne parle pas du Model 1848 Baby Dragoon…

REVOLVER COLT POCKET 1849

 

La production débute en 1850 jusqu’à 1873, avec un total de 325 000 exemplaires de fabriqués, plus 11 000 à Londres. Le calibre est le .31, le barillet fait 5 coups et 6 coups selon les modèles. Les cotes varient entre 350,00 $ et 1 400,00 $ pour les « Standard ». Un modèle acheté par la Navy en 1861 et dont les numéros varient entre 203 000 et 204 000 cote de 4 000,00 $ à 10 000,00 $.

 

La Manhattan Fire Arms de New-York, New-Jersey, fabriqua 4 800 revolvers similaires de 1858 à 1862 en calibre .31 pour 5 coups. Ils sont souvent gravés et cotent entre 200,00 $ et 600,00 $.

 

REVOLVER COLT NAVY 1851 :

 

Fabriqué jusqu’en 1873, comme son frère. Calibre .36, barillet à 6 coups. Il y en eut 215 348 de faits à Hartford, et 42 000 à Londres. On en connaît plusieurs modèles, aux cotes variant de 600,00 $ 3 000,00 $ pour les standard, les militaires étant plus chers, de 1 000,00 $ à 8 500,00 $.

 

 

La Manhattan Fire Arms de New-York en a également vendu des copies. Quelques 78 000 y furent fabriqués entre 1859 et 1868 en calibre .36. Leurs cotes vont de 275,00 $ à 950,00 $. La Metropolitan Arms, également de New-York, copia le Colt modèle 1851 de 1864 à 1866 en 6 063 exemplaires. Ses cotes peuvent aller de 700,00 $ à 2 000,00 $, et de 1 600,00 $ à 4 000,00 $ s’il s’agit de l’un des 300 marqués Dimick, Saint-Louis.

 

De leur côté, les Sudistes ont également copié ce revolver. On relève la Augusta Machine Works, d’Augusta, Georgia, qui en fabriqua environ 100 de 1861 à 1864, cotés entre 6 500,00 $ et 22 500,00 $, ou la Columbus Fire Arms de Columbus, Georgia, qui en fit environ 100 elle aussi de 1861 à 1864, atteignant des cotes astronomiques de 25 000,00 $ et 60 000,00 $. Il y eut également Dance & Brothers à Columbia, Texas, qui fabriqua entre 325 et 500 de ces revolvers en calibre .36, très proches de l’original à l’exception de l’absence de bouclier, et qui cotent entre 8 000,00 $ et 25 000,00 $. Je trouve aussi le Griswold & Gunnison, à Griswoldville, Georgia, qui fabriqua environ 3 700 exemplaires de 1862 à 1864. Leurs cotes vont de 4 500,00 $ à 9 500,00 $. Ou le Leech & Rigdon à Columbus, Mississipi, dont 1 500 furent fabriqués entre 1863 et 1864. Ils cotent entre 4 750,00 $ et 11 000,00 $. Les 500 derniers de ces revolvers furent sous-traités chez Rigdon & Ansley à Augusta, Georgie, qui en fabriqua 1 000 en tout. Ces armes sont cotées entre 5 000,00 $ et 12 500,00 $. Il y a aussi les quelques 50 exemplaires faits chez Schneider & Glassick, Memphis, Tennessee, construits de 1861 à 1862 et cotant entre 7 500,00 $ et 25 000,00 $. Enfin, Gorge Todd, Austin, Texas, fabriqua une poignée de copies entre 1857 et 1861, dont les cotes varient entre 10 000,00 $ et 35 000,00 $.

 

REVOLVER REMINGTON 1858 :

 

Le brevet original est de 1858. De 1861 à 1862, la firme Remington-Beals fabrique 1 900 exemplaires d’un premier modèle Army en calibre .44 , qui cote entre 850,00 $ et 4 750,00 $. De 1861 à 1863, elle fabriquera le modèle Navy en calibre .36, lequel cote entre 550,00 $ et 2 500,00 $. En 1862, sort le modèle 1861 en .44 qui est fabriqué à 12 000 exemplaires et qui cote entre 550,00 $ et 1 400,00 $. Le modèle Navy en calibre .36 sort également en 1862, en 8 500 exemplaires environ, et cote pareil. Les conversions sont moins cotées.

 

 

Le New Model Army en .44 a été fabriqué de 1863 à 1875, à environ 132 000 exemplaires. C’est le plus courant, autant en Amérique qu’en Europe, où il vit du service actif aux mains d’officiers de nombreuses armées, dont la France contre les Prussiens en 1870. Il cote aujourd’hui entre 500,00 $ et 1 400,00 $ aux Etats-Unis. Le New Model Navy en calibre .36 a été fabriqué à la même époque, à environ 22 000 exemplaires. Il cote de 500,00 $ à 2 000,00 $, les modèles aux marquages militaires étant, comme toujours, plus prisés.

 

 

 

REVOLVER STARR 1858 :

 

Fabrication, de fin 1850 à 1860 à 23 000 exemplaires, de cette arme à double action et en calibre .44 dont le brevet a été déposé en 1856. Elle cote entre 550,00 $ et 1 400,00 $. La carcasse s’articule sur une charnière à l’avant et le démontage s’effectue en dévissant un axe depuis le côté gauche. Le Navy Model en calibre .36 a été fabriqué à environ 3 000 exemplaires pendant la même époque, et cote entre 600,00 $ et 2 750,00 $, les modèles au marquages militaires étant toujours mieux cotés. Le modèle à simple action ne sortira qu’en 1863 et sera fabriqué à 32 000 exemplaires entre 1863et 1865. Celui-là cote entre 725,00 $ et 1 850,00 $.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

EXTRAS :

Un paperassier de l’époque avait listé un fusil Sharps à six coups, qui s’avèrera très probablement être un Spencer. L’auteur évoque un revolver Sharps que je reproduis ici car il est intéressant. L’arme, à 6 coups en calibre .25, s’ouvre en s’articulant vers le haut comme le Smith & Wesson N° 1 de la même époque. Ce revolver a été fait à environ 2 000 exemplaires, et cote entre 875,00 $ et 2 000,00 $.

 

Pistolet d’ordonnance à percussion 1842. Calibre .54. Fabriqué par Aston & Johnson à Middeltown, Connecticut, à 40 000 exemplaires, et une poignée par Palmetto Armory, Columbia, South Carolina, de 1845 à 1852. Cotes de 500,00 $ à 1 500,00 $ pour les premiers, et de 2 000,00 $ à 5 000 ,00 $ pour les autres.

 

Mais 35 000,00 $ pour une copie de Navy ou de Dragoon en acier à ferrer les ânes…Whouaou !